Entendez-vous dans les campagnes - Le Moniteur des Pharmacies n° 2605 du 26/11/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2605 du 26/11/2005
 

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L'ASSOCIATION DE PHARMACIE RURALE

Actualité

L'événement

Plus que jamais, l'APR se veut l'avocat du réseau de proximité. Lors de son assemblée générale, les pharmaciens ruraux ont réfléchi aux solutions pour préserver le réseau dans les campagnes, sérieusement menacé à l'horizon des dix prochaines années.

Les récentes attaques dont a fait l'objet le réseau à l'occasion du PLFSS 2006 (maisons de retraite, pharmacies minières...) ne font que conforter l'Association de pharmacie rurale (APR) dans sa vigilance et son lobbying. A Aumont-Aubrac, en Lozère, ces dossiers étaient encore sur le devant de la scène lors de l'assemblée générale de l'APR, à commencer par la loi de répartition. Dans ce domaine en particulier, rien n'est jamais acquis. « Il ne se passe pas six mois sans qu'elle soit attaquée ou qu'un projet d'amendement ne la remette en cause », constate Yves Trouillet, président de l'APR, faisant allusion à un récent projet de constitution de communautés de communes.

S'il persiste à dire que la loi de répartition démogéographique est bonne, Yves Trouillet reconnaît que « quelques points peuvent encore donner matière à discussion ». Au premier chef, les quotas. « Quels que soient les chiffres, il y aura toujours des mécontents », explique-t-il. Mais les modifier lui paraît prématuré. « Pour l'heure, il est raisonnable de laisser les choses en l'état. »

Les remèdes de l'APR contre les déserts médicaux.

Avec les aménagements récents apportés par la loi Dutreil sur les regroupements, l'APR considère que la profession dispose d'un véritable cadre lui permettant de faire évoluer le maillage des officines. « Seulement, cette belle mécanique a ses limites, nuance Yves Trouillet, non pas en raison du div lui-même mais en raison de l'environnement sociologique. »

Pour l'APR, deux grands dangers menacent l'avenir du réseau en zone rurale : la désertification médicale et la déperdition importante de diplômés pour l'officine. « La fermeture d'un cabinet médical entraîne immanquablement la fermeture de l'officine du village », affirme le président de l'APR. Le problème est profond et les quelques aides à l'installation des médecins proposées par l'Etat semblent avoir l'effet d'un cautère sur une jambe de bois. Selon l'APR, la situation va devenir dramatique à l'horizon des 10 ans pour les pharmacies rurales, sauf à trouver rapidement des solutions « pour arroser en professionnels de santé les zones de pénurie médicale ». L'idée d'une loi démogéographique pour les médecins harmonisée avec celle des pharmaciens a été relancée. Mais toucher à la liberté d'installation est un sujet tabou pour le corps médical...

L'APR porte aussi ses espoirs du côté des maisons médicales et des cabinets secondaires, autorisés depuis mai. Elle plaide aussi pour l'interprofessionnalité et d'autres façons de travailler avec les médecins. « Dans le cadre d'un travail d'équipe avec un médecin coordonnateur, le pharmacien pourrait bénéficier d'une délégation de prescription en l'absence de médecins dans sa zone et avoir des prérogatives pour le renouvellement des ordonnances dans les affections chroniques. »

Dans ce condiv, l'APR demande de toute urgence un numerus clausus à 3 500. « La profession est en mesure d'absorber cette augmentation, assure Yves Trouillet. Les 49-53 ans représentent aujourd'hui la classe d'âge la plus importante et le niveau actuel du numerus clausus ne sera en aucun cas suffisant pour remplacer les retraités. » On constate déjà chez les adhérents de l'APR un accroissement de la durée d'exercice en raison du manque de candidats à la reprise. Et si la pharmacie rurale ferme, c'est le principe de proximité qui vole en éclats.

Autre menace pour l'équilibre du réseau selon l'APR : les SEL et l'exercice de groupe, sur lesquels les décrets tant attendus par la profession doivent trancher. Yves Trouillet espère que les « enjeux capitalistiques » des SEL ne mettront pas à mal la loi de répartition, craignant que des participations croisées entre SEL aboutissent à des concentrations avec pour conséquence l'abandon de certaines zones déshéritées. Pour Yves Trouillet, il convient d'identifier les zones rurales dans le rouge : analyser la cohérence de l'offre de soins, faire des statistiques zone par zone, connaître l'âge des pharmaciens et des médecins, etc.

Maisons de retraite : l'alerte permanente.

L'intégration des médicaments dans le forfait de soins des maisons de retraite et la création d'une pharmacie à usage intérieur (PUI) pour plusieurs établissements médicosociaux ont constitué l'autre dossier brûlant du moment, ayant fait l'objet d'un intense lobbying au Parlement. Cette tentative de création de circuit parallèle via des minichaînes de PUI aurait pénalisé tout particulièrement les petites officines rurales et risquerait aussi, selon Yves Trouillet, d'entraîner des difficultés pour la permanence des fournitures pharmaceutiques lors des gardes. Comme il le souligne : « Le décret sur les PUI n'impose que deux demi-journées pour le pharmacien gérant, ce qui exclut l'idée même d'un service pharmaceutique permanent comme cela est le cas avec le pharmacien d'officine de proximité. »

La possibilité pour les titulaires de gérer en même temps une PUI n'est pas non plus un cadeau pour la pharmacie rurale compte tenu de la pénurie de diplômés en campagne. « Pour assurer une présence de deux demi-journées en PUI, le pharmacien va devoir se faire remplacer... Avant d'en accepter la gestion, il devra apprécier la rentabilité économique de son engagement. » Mais la persévérance semble finalement avoir payé puisque les mesures prévues au PLFSS ont été annulées par le Sénat à l'initiative du sénateur Dériot, « mandaté » par la profession, repoussant la création de PUI pour un regroupement de coopération médicosocial. A noter tout de même que la menace de PUI reste possible localement : une ordonnance de septembre 2003 donne la possibilité aux groupements de coopération sanitaire de se doter d'une PUI fournissant chacun de leurs membres (établissements de santé et médicosociaux, publics et privés).

Enfin, à la veille de négociations sur les gardes, Yves Trouillet rappelle « qu'il est nécessaire de garder une cohérence à ce service pharmaceutique, au demeurant très apprécié, et de bien le coller avec la présence médicale ». Favorable à ce que les tarifs d'astreinte soient du niveau de ceux des médecins, il ne souhaite pas cependant que l'approche financière prenne le pas sur la qualité du service rendu au patient. « Il faut maintenir une présence pharmaceutique raisonnable les jours de garde, sinon l'image de la profession risque de se détériorer dans le public et elle n'aura plus son soutien s'il faut demain parcourir 30 km pour trouver la pharmacie de garde la plus proche. »

A retenir

- la loi de répartition pourrait être remise en cause par le projet de communautés de communes.

- une délégation de prescription est demandée par l'APR pour pallier l'absence de médecins dans certaines zones, ainsi qu'un renouvellement des ordonnances dans les affections chroniques.

- La création de pui pour un regroupement de coopération médicosocial a été repoussée, mais des regroupements de coopération sanitaire peuvent toujours se doter d'une PUI fournissant chacun de leurs membres.

UN « GRENELLE DU MÉDICAMENT VÉTÉRINAIRE » AVANT FIN 2005 ?

Lors de l'assemblée générale, Vincent Ramon, vice-président de l'APR, en charge du dossier vétérinaire, a rappelé qu'un décret « prescription, délivrance » doit préciser les rôles respectifs du vétérinaire, du pharmacien, du groupement d'éleveurs et de l'ayant droit qui, comme le souhaite l'APR, pourra se fournir chez le professionnel de son choix. L'ensemble des acteurs ne sont pas encore parvenus totalement à une position commune. « L'administration renâclant à ouvrir une consultation globale avec toutes les parties prenantes, Jean Parrot a accepté sur le principe que l'ordre national des pharmaciens organise le "Grenelle de la pharmacie vétérinaire" avant la fin de l'année pour faire aboutir ce décret », a annoncé Vincent Ramon.

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