Stop ou encore ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 2603 du 12/11/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2603 du 12/11/2005
 

Actualité

Enquête

Ils ont franchi le cap de l'installation. Plusieurs mois après, nous leur avons demandé de dresser un premier bilan. Que du positif, ou presque. Loin d'avoir chaussé des lunettes roses, ces nouveaux titulaires nourrissent leur dynamisme tant dans les plaisirs d'une profession qu'ils redécouvrent que dans son adversité. Témoignages.

Le jeune trio - ils totalisent 99 ans à eux trois - s'en sort plutôt avec brio. Hélène Authier, 35 ans, Sandrine Cordesse, 34 ans, et Antoine Viala, 30 ans, sont devenus inséparables depuis leur installation en 2004. Les deux premières se connaissent depuis la fac. « Nous voulions déjà nous installer, assez rapidement pour ne pas avoir fait six ans d'études pour n'être que salariées. C'eût été dommage... », explique Sandrine. Le troisième avait déjà travaillé avec l'une de ses deux associées. Antoine aussi rêvait d'installation depuis les bancs de la fac. « J'ai toujours eu envie de m'investir un peu plus, c'est plus intéressant d'être son propre patron, assure-t-il. En tout cas, pour l'instant, ça se passe bien : le relationnel, la gestion, tout fonctionne bien... Quand on part de zéro comme nous et qu'on arrive à bien s'en sortir, c'est assez gratifiant. »

« Nous ne sommes pas de ces filles et fils à papa, comme certains titulaires avec qui j'ai travaillé avant, qui n'ont pas eu à ramer et ne connaissent pas vraiment la valeur des choses », lance fièrement Hélène Authier. « Une banque sur dix a répondu à notre demande d'emprunt, indique Antoine. Nous avons eu la chance de solliciter cette banque au bon moment, en fin d'année, alors qu'elle n'avait pas épuisé son quota de pharmacies. » Le trio de titulaires ne souhaite pas en dire plus sur l'aspect financier. Tout au plus s'accorde-t-il pour annoncer une « bonne évolution après ces dix-huit premiers mois d'activité, en conformité avec nos prévisions »...

« Courir après les caisses. »

Six mois après avoir définitivement scellé leur pacte d'association et commencé leurs recherches, Hélène, Sandrine et Antoine trouvaient leur bonheur : une modeste officine de quartier au nord-ouest de Montpellier, bien située sur l'un des principaux axes d'entrée et de sortie de la capitale languedocienne. La Pharmacie Croix-Rousse est adossée à un petit centre commercial avec lequel elle partage un assez vaste parking pour la clientèle. Antoine qualifie cette clientèle de « fantastique, de quartier et de passage, avec beaucoup d'étudiants et de 40-60 ans ».

Pour Sandrine, l'accession au statut de titulaire s'est notamment traduite par un nouveau de type de relation avec la clientèle : « Un rapport plus proche avec elle, et le sourire parfois un peu forcé en passant de l'arrière-boutique au comptoir. » Si Hélène partage sensiblement cet avis, avec « le sentiment d'un investissement plus important dans le contact avec les clients », Antoine diverge : « Non, je n'ai pas l'impression d'avoir changé de comportement avec la clientèle en étant devenu titulaire, assure-t-il. Même si un sou est un sou et qu'on compte encore plus quand on est titulaire, j'ai toujours été avenant et je continue à essayer de l'être. »

Au rayon des mauvaises surprises, « bien que cela n'en soit pas tout à fait une », le trio, unanime, pointe « de courir tout le temps après les caisses, les mutuelles, les labos, la paperasse, d'avoir à se battre en permanence sans jamais lâcher le morceau ». Sandrine est la plus remontée : « On a parfois l'impression d'être des employés de l'Etat sans en avoir le salaire... » Même si ce n'est pas vraiment une découverte non plus, Antoine déplore par ailleurs « le caractère individualiste de la profession, le manque de vraie solidarité entre pharmaciens ». Et d'argumenter : « Quand on voit ce qu'il se passe actuellement et que personne ne se mobilise véritablement, alors qu'il est question de 15 % de perte de marge sur le vigneté - qui, pour nous par exemple, représente 80 % de l'activité -, c'est n'importe quoi ! »

Si c'était à refaire, Hélène, Sandrine et Antoine l'affirment, ce serait oui sans hésiter. Avec le même enthousiasme et la même détermination. Pas même le moindre regret pour le régime d'adjoint à 35 heures par semaine contre 55 heures au minimum aujourd'hui. D'autant qu'après huit mois d'exercice, les trois associés ont décidé de s'accorder chacun tour à tour un week-end prolongé toutes les trois semaines, samedi et lundi ajoutés au seul repos dominical le reste du temps.

Conseils : Bien s'entourer pour bien s'installer

Le constat est unanime, la formation initiale des pharmaciens ne prépare pas à l'aventure de l'installation. Si le diplôme est nécessaire, il n'est pas suffisant. Certains partenaires de l'officine l'ont bien compris et ils proposent des formations pour pallier ce déficit. Ainsi, dans son offre " Première installation ", l'OCP propose, entre autres soutiens, une formation brève (2 jours) abordant les thèmes clefs de la gestion de l'officine (des chiffres à l'équipe en passant par les critères de choix de la future officine). Mais si cette formation a le mérite de faire le point, la réussite d'une première installation s'appuie sur deux piliers essentiels selon Stéphanie Bellelis, pharmacien, chef de produit offre répartition à l'OCP et Christine Meyer, pharmacien, responsable OCP formation. Une logique de formation à long terme, d'une part, qui se construit dès l'assistanat, avant même la prise en mains de son officine et qui doit absolument se poursuivre par la suite. La constitution d'un réseau d'information varié (prestataires, banquiers, comptables...), d'autre part, qui offre une vision claire du projet et de sa faisabilité. Jean-Baptiste Deroyant, en charge de la nouvelle formation " Réussir son installation " chez Alliance Santé, insiste également sur la nécessité de ne pas oublier de confronter ses choix de vie personnels et sa personnalité à toutes les dimensions de son projet (lieu d'implantation, type de clientèle, charge de travail...). Enfin, tous s'accordent à dire que malgré les difficultés, le jeu vaut la chandelle.

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