Les prépas sont-elles indispensables ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 2603 du 12/11/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2603 du 12/11/2005
 

CONCOURS DE PREMIÈRE ANNÉE

Carrières

Deux tiers des étudiants en médecine ont recours aux prépas privées pour aborder le concours de première année. En pharmacie, c'est plus difficile à chiffrer mais cette pratique semble en augmentation. En dépit des initiatives étudiantes qui lui préfèrent le tutorat.

Epsilon, Galien, Cape Sup, Ex Co Sup... Nées il y a une vingtaine d'années, ces écoles d'accompagnement au concours de pharmacie ont pignon sur rue un peu partout en France. Il en existerait ainsi plus d'une trentaine (y compris les antennes régionales). Leur raison d'être ? « Nous offrons aux étudiants un encadrement et un entraînement au concours de fin de première année. Ils suivent un véritable conditionnement leur permettant d'acquérir les bonnes méthodes de travail pour réussir », explique Marc Blondeau, pharmacien tout juste diplômé et déjà membre du comité de direction d'Objectif Concours, un établissement lyonnais qui accueille 50 étudiants en première année de pharmacie. « J'estime que j'ai réussi grâce à cette préparation », poursuit-il.

Trois à six heures par semaine.

Les prépas fonctionnent toutes peu ou prou sur le même principe. Elles proposent un séminaire de prérentrée en septembre, d'une à trois semaines. « Nous mettons les élèves dans le bain : nous leur expliquons le déroulement d'une journée type à la fac et les bases élémentaires pour réviser », commente Marc Blondeau. Ce stage préliminaire permet aussi de se mettre à niveau en maths et en physique-chimie.

Quant au suivi annuel, il repose sur des séances hebdomadaires (ou bihebdomadaires à Epsilon) de 2 à 3 heures le soir après la fac. Au programme : une colle sur le modèle des épreuves du concours, la correction en petits groupes, la notation et le classement de chacun et l'approfondissement des notions importantes. Qui encadre ces cours ? Chez Galien, les « colleurs » sont des étudiants en pharmacie lauréats du concours, alors qu'Objectif Concours fait aussi appel à des professeurs (de lycée, d'autres prépas) pour les matières généralistes comme la chimie organique, la physique et les mathématiques. A Epsilon, les professeurs travaillent spécialement pour cette école. Dernier point revendiqué par les prépas : le soutien psychologique assuré par le déroulement en groupes restreints, et par des étudiants « référents » ou « parrains » à l'écoute des nouveaux.

1 500 euros le suivi annuel.

La formule du coaching privé « spécial concours » semble lucrative. Selon les estimations des dirigeants, 60 % des étudiants en première année de pharmacie y auraient recours. C'est le cas de Georges Dagher, reçu 44e au concours de Paris-XI en juin dernier : « J'ai redoublé. La première année, j'ai vite décroché malgré la prépa. Je n'étais certainement pas assez motivé. La deuxième année, les cours privés m'ont vraiment aidé. Je pense qu'ils sont utiles à partir du moment où l'on possède déjà de bonnes bases. J'y ai appris à travailler les points essentiels, à faire le tri dans le programme. »

Si les chiffres avancés par ces écoles sont difficiles à vérifier, il semble bien pourtant que le nombre de recrues soit en augmentation. Une évolution qui devrait s'accentuer avec la concurrence. Cette année, les inscriptions en première année de pharmacie ont ainsi augmenté de 20 % voire plus, avec comme corollaire la peur accentuée de l'échec.

Au dire des prépas, les résultats sont là : elles annoncent un taux de réussite allant de 50 % à plus de 60 %. Une réussite qui a un prix : en moyenne 1 500 euros pour un suivi annuel. Sans compter les séminaires de rentrée et de perfectionnement... Les frais peuvent donc monter jusqu'à près de 3 000 euros, pris en charge par les parents ou autres ascendants dans la grande majorité des cas.

Une sélection par l'argent.

Tout le monde ne voit pas ce développement d'un bon oeil. « Nous n'encourageons pas la fréquentation des préparations privées. Elles favorisent un système inégalitaire où la sélection se fait par l'argent. Au final, elles coûtent cher et n'ont jamais été évaluées », estime Michel Brazier, doyen de la faculté d'Amiens et président de la conférence des doyens. Aux universitaires qui dénoncent un clivage social, Jean-François Poncet, pharmacien et fondateur de l'Institut Galien, répond : « Nous donnons à tous les mêmes clés culturelles pour travailler le concours. »

De leur côté, les facultés se mobilisent aussi en faveur des candidats au concours. Le tutorat propose des colles hebdomadaires organisées par les étudiants de 2e, 3e ou 4e année. « Mais les questions sont toujours validées par l'enseignant de la matière. C'est un gage de qualité dont ne dispose pas les prépas », assure Geoffroy Lena, responsable « éducation » à l'ANEPF (Association nationale des étudiants en pharmacie de France). « Ouvert à tous les étudiants et gratuit*, le tutorat permet à ceux qui ne peuvent pas se payer une école privée de s'autoévaluer », indique Marie Faure, responsable du tutorat à Grenoble, qui organise en prime des réunions de parrainage où les premières années peuvent parler de leurs problèmes d'apprentissage voire de leur déprime.

Selon Geoffroy Lena, le tutorat rencontre de plus en plus de succès. Dommage qu'il ne soit pas encore présent dans des grandes facultés comme Paris-XI, Lille et Strasbourg... Reste qu'à Limoges, il compte 78 inscrits cette année (sur 205 étudiants) contre 50 l'an passé. Les colles respectent un suivi en petits groupes. Conséquence en 2005 : 17 reçus sur 30 étudiants assidus.

Les résultats au concours révèlent par ailleurs une croissance du nombre de primants reçus ces dernières années (ils sont près de 50 % à Amiens, 41 % à Grenoble contre 32,9 % deux ans auparavant). Mais faut-il y voir le fruit du tutorat, de la formation initiale des candidats ou bien de l'« effet prépa » ?

* Sauf à Nancy (12 Euro(s)), Bordeaux (30 Euro(s)) et Tours (150 Euro(s)).

Les étudiants en médecine développent le tutorat

- Avec des effectifs qui explosent littéralement (2 200 étudiants en première année à Paris-V), le taux de réussite au concours de médecine n'est que de 10 %. Une situation qui fait augmenter les enchères des ventes de polycopiés et les bénéfices des prépas privées. Ces dernières, selon les estimations de l'ANEMF, accueillent les deux tiers des candidats au concours. « Ces écoles se sont développées sur une stratégie commerciale qui exploite la peur de l'échec, regrette Laurent Carteron, responsable des études médicales à l'ANEMF. Nous encourageons la mise en place du tutorat. Grâce à ce système, la boîte privée située près de la faculté de Nancy ne fait plus recette ! Nous espérons à terme que cet exemple devienne une généralité. Sinon, où est l'égalité des chances universitaires ? »

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !