Grève généralisée - Le Moniteur des Pharmacies n° 2601 du 29/10/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2601 du 29/10/2005
 

TFR GÉNÉRALISÉ

Actualité

L'événement

Les trois syndicats de pharmaciens, unanimes, appellent les officinaux à une grève de la substitution. Les négociations se sont pourtant engagées lundi dernier avec le ministère, qui dit vouloir faire un « geste ».

Le pire pourrait être évité. Selon les syndicats de pharmaciens, reçus lundi après-midi au ministère de la Santé, celui-ci serait prêt à revenir sur sa décision de mettre systématiquement en place des TFR sur les groupes génériques 24 mois après leur inscription. A condition qu'on lui propose des mesures alternatives qui permettent de générer autant d'économies qu'il en escomptait : 200 millions d'euros. Malgré cette concession, les trois syndicats maintiennent leurs appels à l'arrêt des commandes de génériques et à la grève de la substitution, lancés chacun de leur côté en fin de semaine dernière (lire ci-contre). « Soyons clairs : le ministre ne reviendra pas en arrière sur le milliard d'économies qu'il entend faire sur le médicament en plus de celui que doit générer le Plan médicament 2005-2007, prévient Claude Japhet, président de l'UNPF. Il entrouvre la porte en permettant le maintien du marché des génériques alors qu'il le cassait en imposant des TFR généralisés. Mais si notre réunion a été constructive, rien n'est encore précisé. »

La mise en place de TFR généralisés (200 MEuro(s)), ajouté aux baisses de prix de 13 % sur l'ensemble du Répertoire, devrait selon le ministère générer environ 650 MEuro(s) d'économies pour l'assurance maladie. Les autres mesures (baisses de prix, déremboursements, gros boîtages...), aux alentours de 400 MEuro(s). Pour trouver les économies que le ministre attend en contrepartie d'une éventuelle levée de la généralisation des TFR, les syndicats de pharmaciens évoquent plusieurs pistes. « A l'évidence, le relèvement de la baisse de prix sur le Répertoire de 13 à 15 % appliqué également sur les nouveaux groupes entrant en 2006 permettrait de générer ces économies, assure Pierre Leportier, le président de la Fédération. Et plutôt qu'une logique de TFR au fil de l'eau, je préférerais une logique de baisse de prix en fonction du taux de pénétration. Il faut comprendre qu'un TFR coûte trois fois plus cher à l'économie de l'officine qu'une baisse de prix. »

Les syndicats ne désespèrent pas non plus de convaincre le ministère de s'engager sur des contrats d'objectif génériques avec les pharmaciens et les médecins. « Nous pouvons passer un contrat avec l'UNCAM sur ce niveau d'économie, accompagné d'un contrat avec les médecins pour qu'ils prescrivent dans le Répertoire, développe Gilles Bonnefond secrétaire général de l'USPO. Si notre objectif n'est pas atteint, on pourra alors jouer sur les baisses de prix ou s'adresser individuellement aux pharmaciens qui n'ont pas rempli leurs objectifs, plutôt que de faire payer tout le monde par un TFR. »

« Même sans les TFR, la pharmacie va dans le mur. »

Mais, même si les TFR généralisés venaient à être écartés, les autres mesures du PLFSS concernant le médicament continueraient de peser lourd sur l'officine. « Hors TFR, c'est encore 20 % de notre EBE qui s'envole, calcule Gilles Bonnefond. Nous devons proposer au ministre d'autres mesures de compensation. » Claude Japhet suggère un assouplissement du plafond des remises actuellement de 2,5 % sur le princeps, et 10,74 % sur le générique. « On résout tout ou on ne résout rien, tranche-t-il. Même sans les TFR, la pharmacie va dans le mur. » D'autres pistes sont évoquées par l'USPO : le développement de la médication familiale, la prise en charge, rémunérée, du petit risque par les pharmaciens, le déploiement d'activités nouvelles grâce au transfert de compétences et à une nouvelle coordination des soins encadrée par la convention élargie. « Ce sont des pistes à moyen terme, l'urgence reste la levée de la menace TFR, convient Gilles Bonnefond. Nous nous fixons une quinzaine de jours pour aboutir. »

Les responsables syndicaux avaient rendez-vous au ministère jeudi dernier. Sans nul doute soutenus par leur base. « Au vue des remontées que nous avons des départements, les confrères sont ultramotivés, se félicite Pierre Leportier. Je n'ai aucune crainte quand à leur envie de suivre ce mouvement de grève, voire de le précéder ou même d'aller plus loin s'il le fallait. »

A retenir : Les mots d'ordre

Les trois syndicats, FSPF, UNPF et USPO, appellent à l'arrêt immédiat des achats de génériques. Seule la FSPF prévoit un calendrier précis : - Le 1er novembre, arrêt de toute substitution pour amoxicilline-acide clavulanique (Augmentin) et zolpidem (Stilnox). - Le 8 novembre, pour fluoxétine (Prozac) et paroxétine (Deroxat). - Le 15 novembre, pour oméprazole (Mopral) et zopiclone (Imovane). - A partir du 1er décembre, la FSPF appelle également à suspendre « toute participation aux tours de garde organisés par les syndicats départementaux, laissant aux préfets la responsabilité des réquisitions ».

Le plan d'économie alternatif des génériqueurs

- Le Gemme estime que la grève des génériques n'est pas le moyen le plus approprié pour faire pression sur le gouvernement. La baisse annoncée de 13 % des médicaments du Répertoire l'inquiète également. « Elle représente une perte de marge de 195 MEuro(s) pour les génériqueurs, rappelle-t-il. Cette baisse est excessive, le prix des médicaments princeps et génériques actuellement commercialisés est déjà l'un des plus bas d'Europe. » Le prix moyen d'une boîte de générique en France est de 3,21 Euro(s) contre 4,80 Euro(s) en Europe. Selon l'association, les génériqueurs ne sont pas en mesure de supporter une baisse de plus de 10 % des prix de leurs spécialités. Concernant les pistes alternatives au TFR, le GEMME appuie l'initiative des syndicats de pharmaciens et de médecins. Selon lui, si les médecins s'engagent à faire revenir ne serait-ce qu'un quart de leurs prescriptions hors Répertoire dans le champ de celui-ci, le montant d'économies supplémentaires généré serait comparable à celui escompté par les pouvoirs publics.

F.P.

A noter - gardes : l'Ordre ne veut pas intervenir

Isabelle Adenot, présidente de la section A, annonce que l'Ordre ne se substituera pas aux syndicats dans l'organisation des gardes si ces derniers décidaient d'une grève : « En cas de désaccord entre les organisations professionnelles ou défaillance du service, il appartient au préfet de régler les services de garde par arrêté. Compréhensif à l'égard des préoccupations légitimes exprimées par les organisations professionnelles, l'Ordre s'en tiendra à la stricte application de la loi ».

Maisons de retraite : Le médicament encore attaqué

C'est décidément une habitude. Après les PLFSS pour 2004 et 2005, le PLFSS pour 2006, actuellement en discussion à l'Assemblée nationale, contient dans son article 32, comme ses prédécesseurs, une proposition visant à « permettre aux établissements médico-sociaux ne disposant pas d'une pharmacie à usage intérieur de prendre en charge les médicaments dans le cadre de leur forfait de soins », ce qui le verrait ainsi soumis à des appels d'offres constants.

Le div prévoit également la possibilité pour les préfets d'autoriser les pharmaciens d'officine à gérer une ou plusieurs pharmacies à usage intérieur, cette autorisation « tenant compte de la compatibilité de cette gérance avec l'obligation d'exercice personnel du pharmacien ainsi que la proximité de son officine et de l'établissement ». Inacceptable dans les deux cas pour les syndicats qui devront, une nouvelle fois, batailler au Parlement pour faire passer les amendements repoussant ces dispositions.

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