Urgence ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 2598 du 08/10/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2598 du 08/10/2005
 

PERMANENCE DES SOINS PHARMACEUTIQUE

Actualité

L'événement

Alors que la fronde menace dans les départements à propos de l'organisation des gardes pour 2006, l'UNCAM assure que le sujet « sera au menu des discussions avec les pharmaciens dans les prochaines semaines ». On voudrait y croire.

Que se passerait-il si, débordés par leur base, les présidents départementaux ne remettaient pas aux préfets les tableaux de garde pour 2006 ? » Cette mise en garde de la FSPF dans le dernier Pharmacien de France donne le ton. Alors que le ministère, en pleine élaboration du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, a, comme d'habitude, les yeux rivés sur les médecins et leur influence politique, le feu couve côté pharmacie sans qu'il ne semble s'en émouvoir. Et aucune région n'est épargnée selon les syndicats. Si les pharmaciens se plaignent depuis une vingtaine d'années de l'indécence des honoraires de garde, jamais revalorisés (lire encadré), l'accord trouvé par les pouvoirs publics avec les médecins au printemps dernier attise encore davantage leur ressentiment. « Tous les responsables de secteur s'arrachent les cheveux pour mettre en place les tours de garde, s'alarme Gilles Bonnefond, secrétaire général de l'USPO. Les pharmaciens sont à bout. Le pétard partira tout seul, il n'y a pas besoin d'allumer la mèche. Partout, les présidents de syndicat calment le jeu. On ne pourra plus tenir bien longtemps. » « Le président de syndicat départemental n'intervient sur la mise en place des tours de garde que s'il y a un problème, mais, en l'occurrence, il ne peut pas faire de miracle. Si on n'y arrive pas, il ne pourra qu'en référer au préfet », complète Pierre Leportier, président de la FSPF.

Scandaleux.

Le chapitre des gardes et de leur rémunération est au menu de la future convention pharmaceutique, dont le div est largement élaboré depuis des mois. Frédéric Van Roekeghem, directeur de l'UNCAM, avait promis que les négociations reprendraient à la rentrée. On attend toujours. Interrogée sur l'échéance de telles discussions, l'Assurance maladie nous a simplement répondu que le sujet des gardes serait abordé avec les pharmaciens « dans les prochaines semaines ». « Le ministère doit demander à l'Assurance maladie de rouvrir les négociations, insiste Claude Japhet, président de l'UNPF. Frédéric Van Roekeghem refuse de nous recevoir depuis sa nomination il y a un an. Je n'ai jamais vu un directeur de la CNAM agir ainsi. C'est scandaleux ! »

A défaut de passer par la convention, la FSPF préconisait qu'un div permette l'intégration des pharmaciens dans les comités départementaux de l'aide médicale urgente, de la permanence des soins et des transports sanitaires (Codamups), qui organisent les secteurs de garde et les modalités de la permanence des soins médicale. « Même si nous étions jusque-là plutôt axés sur la voie conventionnelle », précise Pierre Leportier. Sur un plan pratique, il est vrai que les Codamups doivent conduire à une réduction du nombre de secteurs de gardes médicales, ce que visent également les représentants de la pharmacie. Il paraît en outre évident qu'une organisation cohérente des gardes plaide pour une collaboration médecins-pharmaciens dans leur élaboration. Et donc sur une intégration officielle des pharmaciens dans les Codamups... même s'ils y sont parfois officieusement invités dans certains départements.

Revaloriser les honoraires.

En tout état de cause, les syndicats de pharmaciens restent sur la même ligne : obtenir la même rémunération des astreintes que les médecins. « Le temps d'un médecin serait-il plus précieux que celui d'un autre professionnel de santé ? », demande Pierre Leportier, qui plaide par ailleurs pour « l'intégration du pharmacien dans le système de régulation prévu pour les médecins afin d'éviter de laisser un patient "dans la nature", sans information, après la consultation médicale ou le passage en maison médicale de garde ». « Nous souhaitons une unification et une revalorisation des honoraires par ordonnance à un minimum de 4 euros, revendique aussi Gilles Bonnefond. Nous voulons également la création de la notion d'astreinte pour les pharmaciens, des secteurs de garde agrandis et un renforcement de la sécurité avec une généralisation du passage par le commissariat. »

Et c'est peut-être la crainte de ces revendications qui pousse l'Assurance maladie à faire lanterner la profession. « Les négociations ne seront pas faciles, reconnaît Gilles Bonnefond. Notre interlocuteur a 11 milliards d'euros de déficit et les médecins sont passés avant nous... Mais nous pouvons passer par un contrat d'objectif sur les génériques. L'économie que nous faisons réaliser à l'assurance maladie permettant de financer la réforme des gardes. »

Philippe Bas, ministre délégué à la Sécurité sociale, aux Personnes âgées et aux Personnes handicapées, a affirmé la semaine dernière, au cours d'un entretien avec les représentants de la FSPF, qu'il y avait une volonté de prise en compte de la permanence des soins pharmaceutique à la fois côté ministère et côté Assurance maladie.

Une grève des gardes ?

Claude Japhet va jusqu'à penser qu'« il ne se passera rien si la profession ne se décide pas à faire imploser le système. On pourrait très bien établir notre propre système sur des bases qui sont les nôtres. Et s'il y a un problème de santé publique, si les patients doivent faire 70 kilomètres pour trouver une pharmacie après avoir vu le médecin, les pouvoirs publics en assumeront les conséquences. En tout cas, il faut que les pharmaciens manifestent leur mécontentement. » Quitte à mener une action dure, voire à entamer une grève des gardes ? « Pourquoi pas ? », lance-t-il.

A l'heure où le récent décret sur la permanence des soins médicale prévoit une limitation de la réquisition des médecins par les préfets, verra-t-on ces derniers obligés d'exercer leurs talents, cette fois-ci, auprès des pharmacies ? Alors que le ministère ne cesse de clamer qu'il veut améliorer la permanence des soins, il serait souhaitable qu'il s'intéresse aux gardes pharmaceutiques au lieu de rester focaliser sur les professions médicales. D'un côté, des médecins « soumis » à des gardes volontaires désormais correctement rémunérées. De l'autre, des pharmaciens soumis à des gardes obligatoires symboliquement rémunérées, et qui pallient pourtant de plus en plus la désorganisation des gardes médicales liée à la désertification inhérente à la liberté d'installation des médecins. Cherchez l'erreur.

A noter : Le discours et les faits

Une priorité, la permanence des soins ? Alors que le thème est récurrent ces derniers temps chez les responsables ministériels, on apprend que les maisons médicales de garde du Rhône seront fermées le samedi après-midi faute de moyens financiers. Alors que celles-ci sont (officiellement) plébiscitées par les politiques ! Une rallonge avait même été prévue dans le PLFSS 2005 pour les financer. Un exemple emblématique de la situation.

A retenir

- revalorisation

Objectif des syndicats : obtenir la même rémunération sur les astreintes que les médecins.

- Négociation

Les syndicats attendent toujours la reprise des discussions sur la future convention pharmaceutique que la CNAM avait pourtant promise pour cette rentrée.

- grève

Une action dure, voire une grève des gardes, n'est pas exclue.

Le pactole et l'obole

Ce qu'ont obtenu les médecins

- Astreinte

- 20 h-24 h : 50 Euro(s).

- 24 h-8 h : 100 Euro(s).

- Jours fériés (8 h-20 h) : 150 Euro(s).Euro(s)- Visite

- 20 h-24 h et 6 h-8 h : 66 Euro(s).

- 24 h-6 h : 75 Euro(s).

- Dimanches et jours fériés : 50 Euro(s).

- Consultation

- 20 h-24 h et 6 h-8 h : 62,50 Euro(s).

- 24 h-6 h : 71,50 Euro(s).

- Dimanches et jours fériés : 46,66 Euro(s).

A titre de comparaison, les honoraires pharmaceutiques...

- 7 h-21 h : 0,99 Euro(s)/ordonnance.

- 21 h-7 h (officine fermée) : 3,96 Euro(s).

- Dimanches et jours fériés, 7 h-21 h (service à volets fermés) : 1,98 Euro(s).

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