Les jobards de l'expertise dans l'oeil du cyclone

- Selon Jeune Afrique (11.09.05), les journalistes ont découvert avec Katrina « des scènes d'apocalypse et de misère qu'on croyait impossibles en Amérique ». Qui « croyait » ça impossible ? Qui ignore qu'en certaines régions des Etats-Unis les données sanitaires sont parfois superposables à celles des pays les plus sous-développés ? Qui ignore que le niveau de vie dans certaines sous-populations peut y être digne des pires régions du tiers-monde ? Qui ignore que ces différences sociales sont intriquées avec des spécificités ethniques typiquement américaines ? Qui ignore qu'en conséquence, il faut y regarder à deux fois avant de gober « informations » ou « études » reposant sur une plate extrapolation des chiffres américains ?

Qui l'ignore ? Ben, les experts de l'Institut de veille

sanitaire qui, dans leur dernière évaluation de l'hépatite B, admettent benoîtement avoir transposé à la France le nombre des pathologies hépatiques recensées aux Etats-Unis (Med Mal Inf 2003 ; 33, suppl A : 3441) ! Ou encore les fabricants qui prétendent exonérer leurs spécialités du risque de lupus postvaccinal sur la base d'une étude américaine (J Clin Epidemiol 2002 ; 55 : 982-9), quand l'analyse des résultats montre que la majorité des cas étaient des Afro-Américains (sous-population où la fréquence de lupus est notoirement élevée), manifestement assez misérables pour n'avoir que des souvenirs flous sur leurs antécédents vaccinaux... A quand un ouragan chez les « experts » qui disent n'importe quoi ? On n'ira pas les hélitreuiller...