Elections allemandes : La future grande coalition ne devrait rien changer pour les pharmaciens - Le Moniteur des Pharmacies n° 2597 du 01/10/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2597 du 01/10/2005
 

EUROPE

Actualité

A l'heure où l'Allemagne hésite encore à se donner une ligne politique, les pharmaciens restent sereins. La grande coalition ? Ils connaissent. Ils testent depuis dix-huit mois les effets du consensus sur la loi de réforme de l'assurance maladie.

La coalition qui se profile à l'issue de plus de dix jours de tractations entre le SPD, la CDU et les libéraux n'émouvra pas les pharmaciens allemands. La politique de santé a été la grande absente de la campagne électorale. Comme si personne n'osait remettre en cause le consensus politique qui a présidé à la grande réforme du système de santé en 2003 et fait évoluer la profession comme jamais auparavant.

Au-delà de la libéralisation du marché autorisant la VPC et la propriété multiple (jusqu'à quatre officines), la loi de réforme de l'assurance maladie du 1er janvier 2004 a, par ses effets, imposé le pharmacien comme l'un des pivots majeurs du système de santé, l'obligeant parallèlement à s'improviser commerçant à part entière. Un double défi que les titulaires ont été contraints de relever en l'espace d'une année seulement. Avec une faculté d'adaptation insoupçonnée.

L'introduction d'un ticket modérateur de 10 Euro(s) (par patient et par trimestre) pour les consultations médicales a sonné les beaux jours de l'automédication. Beaucoup de patients préfèrent désormais prendre conseil auprès de leur pharmacien plutôt que de patienter chez le médecin. Ceci d'autant plus qu'une seconde mesure - le déremboursement des « médicaments de confort » - oblige aujourd'hui tout patient âgé de plus de douze ans à s'acquitter lui-même du prix total de ces produits, autrefois pris en charge à 100 % !

La guerre des prix bat son plein.

L'offensive sur les OTC, dont les ventes ont encore augmenté de 8 % au premier semestre, n'a pas seulement concentré le marché autour de dix fabricants, mais relooké les intérieurs, transformant les pharmacies en « centres de bien-être ». La concurrence accrue des drogueries sur le secteur de la parapharmacie n'a fait qu'accentuer ce mouvement. L'effervescence est d'autant plus grande que face à la menace de la vente sur Internet, les pharmaciens créent leur propre site, prennent commandes en ligne et livrent dans la journée. Pour anticiper sur la levée de l'interdiction des chaînes, les titulaires renforcent leurs mises en réseau et leurs groupements d'achats. 17 500 officines (sur 21 500) sont aujourd'hui membres d'un ou de plusieurs groupements. Les pharmaciens n'hésitent plus à adhérer à des franchises ou à des concept de marque.

Les effets secondaires de cette libéralisation du marché ne se sont pas faits attendre. La concurrence s'est accrue entre les pharmaciens dans un pays où il n'existe aucun quota à l'installation. C'est à celui qui sera le plus agressif dans son marketing. La guerre des prix et des marges bat son plein, favorisée par la baisse des rabais fabricants de 16 à 6 %.

Mais la profession sait qu'elle ne pourra pas faire machine arrière. Pourtant, après un court répit en 2004, les dépenses de médicaments augmentent à nouveau : + 20 % au premier semestre. Quel membre de cette grande coalition osera trancher ?

Génériques : le médecin allemand fait la différence

- Le coup de force réalisé sur le générique est l'un des principaux instruments de la maîtrise comptable allemande, obligeant tout pharmacien à délivrer un générique, sauf mention spéciale du prescripteur. Cette pratique, doublée d'une forte pression sur les médecins, imprime au marché du médicament une configuration particulière : la part du générique dans le volume des délivrances est passée de 10,9 % en 1981 à 54,1% en 2003, plaçant le pays au premier rang mondial. La concurrence s'exacerbe entre les fabricants de génériques mais aussi entre les laboratoires de produits originaux, forcés d'aligner leurs prix. Selon le génériqueur Ratiopharm, div d'une étude comparative France/Allemagne, l'Hexagone, où le générique s'inscrit dans un dispositif radicalement différent avec notamment l'application du TFR, recèlerait néanmoins des sources d'économies non négligeables. L'élargissement du Répertoire, l'expiration des brevets sur de nombreuses molécules dans les années à venir permettront d'ici 2008 de doubler le potentiel du marché. Reste à lever certaines entraves et à introduire des mesures incitatives auprès des assurés et des médecins, les génériques représentant moins de 10 % des prescriptions. L'étude de Ratiopharm démontre qu'à l'inverse de la France, en Allemagne, l'arrivée des génériques augmente la part de la DC concernée. Ainsi, Claudio Albrecht, P-DG du groupe Ratiopharm, estime que « le marché français, s'il fonctionnait comme le marché allemand, c'est-à-dire avec une implication forte des médecins dans la politique générique, permettrait de générer des économies complémentaires substantielles puisqu'il y aurait à la fois l'économie liée au prix du générique et celle liée à l'accroissement de la part de marché de la molécule ». Selon une projection de Ratiopharm, à titre d'exemple, cela représenterait des économies supplémentaires de, 60 MEuro(s) pour la simvastatine et 180 millions pour l'oméprazole ! M.Lu.

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