Bilan KPMG 2004 : Une rentabilité écornée - Le Moniteur des Pharmacies n° 2594 du 10/09/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2594 du 10/09/2005
 

ÉCONOMIE

Entreprise

Malgré les résultats globalement satisfaisants des pharmacies en 2004, avec notamment un chiffre d'affaires qui continue de progresser, le résultat net moyen a diminué, tout comme l'excédent brut d'exploitation (EBE). La marge, elle, s'érode toujours un peu plus.

L'érosion du taux de marge en 2004 (28,13 % contre 28,49 %) devrait s'accroître en 2005 avec la limitation des contrats de coopération commerciale. Concernant la performance commerciale des officines, ce sont celles dont le chiffre d'affaires est supérieur à 1 500 kEuro(s) qui progressent le plus.

Un chiffre d'affaires qui progresse plus qu'en 2003 et 2002 (+ 50 000 euros en moyenne), une évolution de la marge en valeur quasiment identique à celle de 2003 (13 359 euros contre 13 319 euros) mais plus faible en pourcentage, et un excédent brut d'exploitation (EBE) qui repasse sous les 12 % : ce sont les principaux enseignements de la toute dernière étude réalisée par KPMG Entreprises sur l'évolution du secteur de la pharmacie d'officine au cours des trois dernières années, sur un échantillon de 713 entreprises clientes.

Ces chiffres attestent d'une nouvelle année de consolidation de l'activité qui compense l'érosion du taux de marge brute. Depuis plusieurs exercices, l'activité augmente en moyenne plus rapidement que l'évolution des prix à la consommation. « L'évolution du chiffre d'affaires moyen des officines pour 2004 se situe à + 5,71 %, contre + 4,42 % en 2003 et + 4,31 % en 2002, soit une progression à nouveau significative, notamment pour celles dont le chiffre d'affaires est supérieur à 1 500 kEuro(s) », relève Jérôme Sirot, expert-comptable, responsable du réseau pharmacie de KPMG Entreprises.

Ainsi, les « grosses » pharmacies ont vu leur CA moyen hors taxes faire un bond de 6,33 % à 1 875 kEuro(s). A titre de comparaison, les « petites » pharmacies (moins de 800 kEuro(s)) progressent beaucoup plus lentement (+ 3,86 %), tandis que les pharmacies « moyennes » (CA compris entre 800 kEuro(s) et 1 500 kEuro(s)) enregistrent une hausse moyenne proche de celle des officines de grande taille (+ 6,03 %).

Le constat n'est pas nouveau : l'activité centrée sur le médicament remboursable reste très soutenue. « La progression du chiffre d'affaires est due essentiellement aux spécialités remboursables qui en représentent environ les 80 %, souligne Jérôme Sirot. Pour 2005, la sortie de la réserve hospitalière de produits onéreux devrait faire croître de façon artificielle le chiffre d'affaires. Mais attention ! Ces produits chers sont à faible marge, ce qui devrait bouleverser, à terme, les deux grands indicateurs que sont l'évolution du chiffre d'affaires et le taux de marge. »

La marge encore érodée.

Il reste que cette tendance d'activité ne fait que pallier la baisse de la marge commerciale globale des officines. Sur 2004, le taux de marge moyen après remises s'érode sensiblement (- 0,36 point) et se situe à 28,13 % (contre 28,49 % en 2003, - 0,01 point). Il est à noter que les pharmacies dont le CA est inférieur à 800 kEuro(s) sont passées l'an dernier sous le seuil de 28 % avec un taux moyen de 27,80 %.

« L'explication principale réside dans la mise en place des TFR et l'alignement progressif du plafond des remises autorisées sur les princeps et leurs génériques », signale Jérôme Sirot.

Selon lui, cette érosion devrait s'accélérer dans l'avenir : « Les sorties de la réserve hospitalière vont faire baisser les taux de marge car il s'agit de produits coûteux à faible marge. Plus inquiétant, et toujours dans un souci de diminution des dépenses de santé, le marché des médicaments génériques devrait devenir moins lucratif. Cela devrait se faire ressentir avec l'application du TFR pour de nouvelles spécialités, mais surtout par le plafonnement des remises arrière accordées par les génériqueurs aux pharmaciens sous forme de contrats de coopération commerciale. »

Frais de personnel en hausse.

L'année 2004 marque une reprise des frais de personnel. Le poids moyen de ce poste est en augmentation par rapport à 2003 et se situe en moyenne à 9,91 % du CA hors taxes. « Le phénomène marquant est la pénurie d'assistants, notamment en milieu rural, qui a eu pour conséquence une augmentation du niveau des rémunérations dans ce secteur. Ceci se conjugue également avec un poids toujours croissant des charges sociales pesant sur les salaires. »

En revanche, le poste « Autres achats et charges externes » marque une pause du fait que les frais de gestion augmentent moins vite que le chiffre d'affaires ; le rapport entre les deux est en diminution et se situe pour l'exercice 2004 à 4,06 %, contre 4,11 % en 2003.

Baisse de rentabilité : les grosses pharmacies épargnées.

Sans être alarmante, la baisse de la marge a quelque peu entamé la rentabilité des officines, avec une performance commerciale de gestion (EBE corrigé des cotisations sociales du titulaire et de la CSG déductible) qui se situe au niveau de celle de 2002, en l'occurrence à 14,79 % du CA hors taxes (15,16% en 2003). La catégorie des « officines moyennes » est sur ce plan la plus touchée (perte de 0,7 point). Il est à noter que cette situation n'affecte pas les grosses officines qui, elles, continuent à augmenter leur rentabilité de gestion, passant de 15,17 % en 2003 à 15,36 % % en 2004.

L'EBE perd, pour sa part, 0,48 point par rapport à 2003 pour tomber à 11,58 % en moyenne en 2004. Cependant, sur trois ans, la baisse n'est que de 0,3 point, en raison de l'amélioration de la rentabilité intrinsèque des pharmacies enregistrées en 2003. Ceci étant, cette chute de l'EBE peut entraîner des difficultés de trésorerie, en particulier dans les officines survalorisées, compte tenu de leurs prix de vente élevés sur le plan économique et maintenus par une demande plus forte que l'offre et des taux d'intérêts bancaires au plus bas.

« Concernant le résultat financier, nous continuons à assister au désendettement des pharmaciens, observe Jérôme Sirot. De plus, les acquisitions ou travaux se font dans des conditions financières optimales avec des taux de crédits historiquement bas. »

Malgré les résultats globalement satisfaisants des pharmacies sur 2004, le résultat net moyen a diminué de 0,55 point à 8,98 % et ce, parce que l'augmentation du chiffre d'affaires n'a pas entièrement compensé les baisses importantes du taux de marge brute et du taux des remises commerciales.

Ceci étant, les pharmaciens sont habitués depuis longtemps à ce phénomène d'érosion de la marge et gèrent donc avec prudence leur politique financière à court terme (besoin en fonds de roulement). En 2004, le délai de rotation du stock est stable (38,25 jours en moyenne), les durées du crédit clients et du crédit fournisseurs sont en diminution (respectivement 8,40 jours et 38,11 jours).

Derrière les services, le bâtiment et l'automobile

Le commerce de proximité a connu un regain de vitalité en 2004. Tous secteurs confondus, l'activité des très petites entreprises (TPE) adhérentes à la Fédération des centres de gestions agréés (FCGA) enregistre une progression de 3,1% par rapport à l'année 2003.

Six secteurs affichent une hausse significative dont celui de la santé (+ 4,6 %), premier secteur en progression en 2003, relégué à la quatrième place en 2004, derrière le secteur des services, largement en tête (+ 10,7 %), le bâtiment (+ 5,6 %) et l'automobile (+ 4,7 %), mais devant le secteur de la beauté-esthétique (+ 2 %).

Cependant, des trois métiers représentants la santé et affiliés à la FCGA, la pharmacie réalise la meilleure progression 2004 (+ 4,6 %), devant l'optique-lunetterie (+ 3,7 %) et les prothésistes dentaires (+ 1,9 %).

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