Arnaud Lecomte « Faire des choses concrètes pour aider les gens, c'est galvanisant »

L'engagement humanitaire ? Plus un concours de circonstances qu'une volonté chevillée au corps pour Arnaud Lecomte, 28 ans. « Par le biais d'amis, j'ai eu l'occasion de me lancer dans ma première mission au Maroc, en octobre 2004. » Une mission de dix jours, dans une région très pauvre entre Fès et la vallée du Riff, où les problèmes sanitaires liés à l'eau provoquent de nombreuses pathologies. « J'ai vécu des moments très intenses, oscillant entre euphorie et grande tristesse. Je ne savais pas que le Maroc comptait encore tant de misère ! C'est poignant et ce n'est pas toujours facile de voir des enfants gravement malades... » Sur place, et deux fois par an, la mission d'une vingtaine de personnes prend aussi en charge les pathologies chroniques comme le diabète, l'hypertension ou l'asthme. La pérennité de l'action est assurée par une association marocaine.

Respecter les listes de médicaments.

Depuis, Arnaud n'a pas eu l'occasion de souffler puisqu'il est reparti à Banda Aceh, au nord de Sumatra, où le tsunami n'a laissé que ruines et désolation. « C'est une province musulmane et très pratiquante. Ils masquent au maximum leur désarroi par rapport à ce qui s'est passé, mais on le sent en filigrane. Ce sont des gens merveilleusement chaleureux, curieux et accueillants ! »

Sur les lieux de la catastrophe, les ONG se disputent le terrain. « Il y en avait 400, je n'avais jamais vu ça ! » La mission travaille en collaboration avec les autorités de santé indonésiennes pour apporter un support à l'entrepôt provincial de distribution des médicaments. Au bout de deux mois sur place, Arnaud parle leur langue. « J'en profite pour faire passer un message. Une liste de médicaments essentiels a été éditée par l'OMS et chaque pays a sa propre liste. PSF se bat pour les faire respecter. Alors les dons d'argent sont plus efficaces. Cela permet aussi de faire travailler l'industrie pharmaceutique locale et donc l'économie... »

Aujourd'hui, Arnaud Lecomte s'interroge : « J'ai maigri, j'ai pris du recul sur beaucoup de choses. Je veux revenir à l'industrie car, si je reste dans l'humanitaire, je vais me fermer des portes. Pourtant je ne veux pas m'en détourner définitivement. Je m'y épanouis. Il n'y a pas de routine. Et la satisfaction de pouvoir faire des choses concrètes pour aider les gens, c'est galvanisant. On est prêt à tout pour aider dans ce cas-là... »