Argent double - Le Moniteur des Pharmacies n° 2589 du 02/07/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2589 du 02/07/2005
 

GÉNÉRIQUES

Cahier spécial

Marchés 2004

Malgré un marché en forte croissance, il ne faut pas relâcher l'effort. La dynamique reste en effet fragile et les pouvoirs publics sont fermement décidés à mettre tout en oeuvre pour parvenir au milliard d'économies supplémentaires recherché en 2007.

A la fin de l'année 2004, le marché du médicament générique représentait 7 % du marché remboursable en valeur et 13 % en volume. Sur le dernier trimestre, ces chiffres sont même montés respectivement à 8 % et 14 %.

Conformément aux prévisions, le marché du médicament générique a poursuivi en 2004 sa croissance en chiffre d'affaires à un excellent rythme (+ 40,45 %, source Gers à décembre 2004) pour atteindre désormais 1,1 milliard d'euros. A la fin de l'année dernière, il représentait 7 % du marché remboursable en valeur et 13 % en volume. Sur le dernier trimestre, ces chiffres sont même montés respectivement à 8 % et 14 %. Entre janvier 2002 et décembre 2004, le marché a quasiment triplé en valeur, et ce malgré le transfert des prescriptions vers des molécules encore protégées par un brevet. Conséquence, la France est devenu le troisième pays européen du générique. « En moyenne, un Français en a consommé environ six boîtes l'an dernier », indique Hubert Olivier, président de Ratiopharm.

Le générique a représenté 46 % des dépenses de remboursement de médicaments généricables et a déjà permis d'économiser 380 millions d'euros à la collectivité.

Au sein du Répertoire, ce sont plus de 58 % des médicaments qui sont délivrés en spécialités génériques, contre 35 % au début de l'année 2002. Sur janvier 2005, on observe un taux de génériques record en nombre de boîtes (61,5 %) qui correspond à 26,1 millions de boîtes sur un total de 42,4 millions de boîtes de génériques disponibles.

Cette dynamique est d'abord le fruit de l'implication massive des pharmaciens qui se sont mis à la substitution et de l'intensification de leurs efforts. Le second facteur majeur est l'arrivée sur le marché en 2004 de génériques d'« envergure » qui représentent au bout du compte la moitié de la croissance totale du marché. Le produit qui symbolise le mieux cette nouvelle avancée est bien sûr l'oméprazole qui, à lui tout seul, en représente un tiers. Pour ce poids lourd de la prescription en France, généricable dès le mois d'avril 2004, « quatre mois ont suffi pour que la part des génériques atteigne 70 % au sein du groupe », souligne Hubert Olivier. Du jamais vu jusqu'ici dans la jeune histoire des génériques en France ! Et à l'arrivée, une économie immédiate pour l'assurance maladie de 60 millions d'euros.

Le médicament familial se générique

L'année 2004 a été marquée aussi par un environnement réglementaire plus favorable : simplification de la procédure d'inscription au Répertoire, fin de la règle des dix ans et de la jurisprudence dite Negma qui permettait aux extensions de gamme de médicaments de bénéficier d'une période de protection supplémentaire.

Indépendamment de l'ampleur des résultats obtenus, on peut regretter que l'offre industrielle et la substitution du pharmacien aient été les deux seuls éléments moteurs du marché, alors que d'autres leviers auraient pu être activés du côté tant des médecins que des patients, même si l'on ne perçoit plus aujourd'hui chez eux d'opposition ou d'hostilité au générique... en dehors des irréductibles.

On retiendra également que 2004 a été l'année des premiers pas des génériqueurs sur le difficile terrain de jeu de la médication familiale.

A fin décembre 2004, les taux de pénétration des génériques sont supérieurs à 60 % dans une vingtaine de départements, pour la plupart situés dans l'Ouest.

Les pionniers en ce domaine se sont attaqués à quelques grands bastions du conseil officinal (aciclovir, carbocistéine, lopéramide, ibuprofène...) en présentant leurs gammes respectives comme une alternative économique aux marques de référence, dans l'espoir aussi de renforcer les liens commerciaux avec leurs clients et d'en recruter de nouveaux.

Les blockbusters arrivent

Le rythme des échéances brevetaires va se poursuivre en 2005. C'est plus de 700 MEuro(s) de CA qui devraient venir enrichir le champ du Répertoire d'ici à l'horizon 2007 et fournir l'essentiel du milliard d'économies attendu sur le générique, avec en points d'orgue cette année l'échéance des brevets de la simvastatine (Zocor/Lodalès) le 6 mai dernier et de la sertraline (Zoloft) le 27 octobre prochain. Ces blockbusters devraient à leur tour accélérer le marché, vraisemblablement sur le même modèle de progression que l'oméprazole, tant au niveau des taux de pénétration des génériques que de la rapidité avec laquelle ils sont atteints. Sur la simvastatine, un taux de génériques de 80 % permettrait une économie de près de 70 millions d'euros en année pleine, selon la CNAM.

Ces entrées importantes au Répertoire sont en tout cas les bienvenues pour relancer la machine à substitution. En effet, sur les premiers mois de 2005, la croissance du générique a marqué un peu le pas. « Les baisses sur février et mars sont liées à un phénomène de déstockage dans les officines qui fait suite à des commandes fortes destinées à anticiper les baisses de prix et TFR à venir », estime Vincent Bouldoires, directeur des opérations chez Ivax. On assiste même à une stagnation sur certaines grosses molécules, voire une légère régression, à l'instar de l'emblématique oméprazole dont le taux de pénétration est en train de repasser sous les 70 %.

Sous la menace permanente des TFR

Il y a assez peu d'explications à fournir, si ce n'est que la baisse des prix sur trois grosses molécules à la mi-mars (fluoxétine, oméprazole et énalapril) a certainement sa part de responsabilité et que les pharmaciens ont vu pendant plusieurs mois planer le spectre de la seconde vague de TFR (18 groupes génériques correspondant à 11 principes actifs, représentant une économie de 45 à 50 millions d'euros en année pleine pour l'assurance maladie) qui est arrivée le 1er juin dernier. Elle semble être à l'origine de la démotivation des pharmaciens dans les trois mois qui ont précédé et de la rupture de la dynamique qu'a connu un moment le marché en 2004. « Cela montre que l'environnement est favorable mais que la dynamique du générique reste fragile », analyse Didier Barret, président de Merck Génériques.

La France se situe au cinquième rang mondial et au troisième rang européen en parts de marché des médicaments génériques. En 2004, un Français en a consommé environ six boîtes.

Des incertitudes persistent sur l'évolution du marché résultant des annonces du gouvernement concernant les déremboursements, baisses de prix, TFR et l'encadrement des contrats de prestations de services, c'est-à-dire des marges arrière, qui sont le moteur le plus puissant de la substitution. Autant de mesures qui pourront être prises pour générer les économies nécessaires à la maîtrise rapide des dépenses de santé, autant de mesures vécues comme une sanction par les pharmaciens qui viendront fortement compliquer le développement du marché du générique.

Toutefois, soucieux de privilégier la croissance du marché, l'ancien ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy avait assuré qu'il ferait un usage pondéré des TFR. Néanmoins ceux-ci seront désormais établis « au fil de l'eau », normalement lorsqu'une molécule inscrite depuis plus d'un an au Répertoire ne dépassera pas les 50 % de dispensation sous forme de générique. Les TFR joueraient ainsi un rôle d'aiguillon. Quant à la baisse des marges arrière, les syndicats souhaitent une mise en place modulée et espèrent que le bon sens l'emportera. Afin de garder intacte la motivation des pharmaciens, les pouvoirs publics envisageraient de tolérer des marges importantes pour les molécules en lancement et des marges réduites pour les molécules installées. Mais attention ! La régulation passera par des baisses de prix et sans doute des TFR.

Autre préoccupation et véritable enjeu pour 2005 : faire participer les médecins. Leur implication ne sera pas de trop pour pouvoir atteindre l'objectif du milliard d'euros d'économies grâce à ces médicaments. La convention médicale, signée le 12 janvier dernier, dans laquelle les médecins libéraux s'engagent à prescrire davantage de génériques (à hdiv de 55 millions d'euros supplémentaires pour la seule année 2005), laisse espérer que cet objectif ne sera pas compromis par les transferts de prescription.

D'après les dernières statistiques de la CNAM sur janvier, le taux de génériques est de 62 % en moyenne en ce qui concerne les délivrances issues de prescriptions de généralistes. Mais ce taux est très variable d'un généraliste à l'autre. En effet, pour 10 % de ces médecins, les médicaments délivrés sont des génériques dans plus de 79 % des cas. Mais pour 10 % d'entre eux, le taux de génériques est inférieur à 42 %.

En moyenne, la CNAM estime que le comportement de prescription de chaque omnipraticien a induit sur ce mois une économie de 550 euros en termes de dépenses remboursées. Ce chiffre aurait pu être majoré de 420 euros si le générique avait été utilisé à chaque fois que c'était possible.

Des fusions-acquisitions en vue

Le rachat de G GAM par Sandoz appelle à se poser cette question : assistera-t-on en 2005 au début d'une nouvelle ère en France ? Celle des premières concentrations de l'offre industrielle dans un marché du générique sous DC qui compte aujourd'hui pas moins de 13 acteurs. La priorité des génériqueurs depuis six ans est l'achat de parts de marché afin d'occuper une place significative dans l'Hexagone. Aujourd'hui, la croissance interne des uns et des autres ne crée pas de grands bouleversements dans la physionomie du marché et seule la croissance externe (fusions-acquisitions, joint-ventures) paraît maintenant en mesure de changer significativement la répartition établie. Le nouveau vice-président et manager général d'Ivax France, Simon Clark, a été chargé par la maison mère de favoriser la croissance organique d'Ivax en Europe par le biais d'acquisitions, et Sanofi Aventis, via sa filiale générique Winthrop Médicaments, a fait part également d'intentions identiques. « Le générique est un marché où la maîtrise des coûts est essentielle, explique Josy Charbonneau, directeur des opérations de Zydus France. Pour être pérenne, un génériqueur doit avoir une maîtrise complète de l'ensemble des processus de fabrication pour éviter au maximum les intermédiaires, c'est la seule alternative possible pour que la rentabilité soit atteinte ! »

Selon le « Petit Poucet » du générique en France (Zydus détient 0,4 % de parts de marché, données Gers à décembre 2004, il n'y a pas de raison que le marché du générique déroge à la règle des concentrations industrielles. « Cela n'exclut pas l'arrivée de nouveaux acteurs sur un marché émergent, car avec un Répertoire des génériques qui pèsera 2,4 milliards en 2008, 2 ou 3 % de parts de marché aujourd'hui ne vaudront plus du tout la même chose dans trois ans. » Vincent Bouldoires pense lui qu'il y a encore de la place pour de nouveaux entrants : « 25 acteurs se partagent le marché du générique au Royaume-Uni... »

+ 40,45 %

Le marché du médicament générique pesait en 2004 1,1 milliard d'euros (+ 40,45 % par rapport à 2003). (Source Gers.)

TOP

Le flop : Stéphane Bonelli (Saint-Parres-aux-Tertres, 10) doute de l'intérêt économique de référencer des génériques de vente libre en lieu et place des marques de référence « qui nous proposent des remises et des services intéressants (merchandising, formation aux techniques de vente, publicité...). »

François Pothelune (Coulaines, 72), sur l'oméprazole, et Pascale Frégière (Montfrin, 30), sur le budésonide, se plaignent du forcing et des surenchères pratiqués par certains génériqueurs.

Quant aux campagnes de Biogaran sur les ondes radio et de Sandoz sur les valeurs de la marque, Yann Guimard (Branne, 33) n'est pas persuadé de leur utilité.

FLOP

Le top : Son de cloche différent chez Alain Génevé (Montois-la-Montagne, 57) : « Avec la pub radio de Biogaran, pour une fois je me suis senti un peu flatté. Les saynètes mettent bien en valeur notre rôle et aident les gens à faire le premier pas vers la substitution. » Pour Sylvain Glénat (Paris XVIe) « autant la marque Sandoz est peu évocatrice pour les patients, autant la campagne sur les ondes de Biogaran est positive pour l'officine et la substitution ».

Armelle Perhirin (Saint-Aubin-du-Cormier) applaudit le nouvel axe de développement retenu par G GAM : « La gamme Hexal santé est composée de molécules connues, à des prix très attractifs. De plus, les conditionnements sont esthétiquement très réussis. »

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