Comptes de la Sécu : Le médicament garde la pression

Selon la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS) qui a publié son rapport mardi, le déficit du régime général s'est stabilisé à - 11,9 milliards d'euros en 2004 et - 11,6 MdEuro(s) pour la branche maladie, contre - 13,2 MdEuro(s) prévus. Surtout, la tendance 2005 permet d'envisager un déficit de 8,3 MdEuro(s), en net redressement donc.

Pour la première fois depuis des années, «les dépenses devraient être très proches de l'objectif 2005 », selon la CCSS. Depuis le début de l'année, les dépenses progressent modérément (+ 3,4 %). « En particulier, la croissance des soins de ville reste modérée à + 2,1 % avec une faible progression des honoraires (+ 0,5 %). Le mouvement de baisse des indemnités journalières se confirme (- 3,5 %), ainsi qu'une croissance relativement contenue des prescriptions (+ 3,2 %) », se félicite le ministère.

On peut s'en réjouir pour l'assurance maladie. Le médicament va néanmoins continuer à trinquer. La CCSS estime que la tendance ne persistera que si « les économies attendues sur la politique du médicament sont effectives » et si les mesures issues de la convention médicale sont appliquées, ce qui n'est pas le cas pour l'instant. Or elles portaient (pour 2005) notamment sur 308 MEuro(s) de baisses de prescriptions et sur le respect de l'ordonnancier bi-zone (ticket modérateur appliqué aux dépenses ALD sans rapport avec l'affection : 455 MEuro(s)...). La CCSS rappelle aussi l'objectif de 160 MEuro(s) lié aux baisses de prix. Elle insiste surtout sur le générique, dont elle attend 170 à 260 MEuro(s) d'économies suivant la tendance actuelle. « Cette action sera complétée par une politique de TFR "au fil de l'eau" », commente cependant la CCSS, qui s'attend à un rendement de la politique du générique « plus étalé que prévu » : « L'application de cette mesure garantit à l'assurance maladie de réaliser une économie au moins équivalente à celle qu'elle aurait obtenue du fait de la forte pénétration mais différée dans le temps. » On pourrait ainsi aller jusqu'à 300 MEuro(s) si l'on dépasse l'évolution tendancielle.

Malgré le redressement, la pression est donc maintenue. L'hôpital dérape de 500 MEuro(s). Et si l'augmentation des recettes (CSG...) apporte 4 MdEuro(s) de plus à la Sécu, le ralentissement de la progression de la masse salariale génère, lui, un manque à gagner de 900 MEuro(s) sur 2005.