« De nombreux chantiers à concrétiser » - Le Moniteur des Pharmacies n° 2587 du 18/06/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2587 du 18/06/2005
 

INTERVIEW D'ISABELLE ADENOT

Actualité

L'événement

Réélue le 6 juin à la tête de la section A (1), Isabelle Adenot entend bien concrétiser lors de son second mandat les chantiers défrichés depuis sa prise de présidence, en juin 2003.

Le Moniteur : Parlons de l'actualité chaude : depuis le « non » à la Constitution européenne, on réentend parler de libéralisation des marchés et du fameux rapport Camdessus (2). Cela vous inquiète-t-il ?

Isabelle Adenot : Sur le plan européen, Jean Parrot a depuis bien longtemps anticipé cette évolution en créant une antenne de l'Ordre à Bruxelles chargée d'une veille législative. En matière de santé, chaque pays garde son indépendance. En France, c'est pour des raisons de santé publique que nous avons un monopole et une répartition démographique. Nous pouvons le prouver. Certains pays où le monopole s'est ouvert font marche arrière, l'Angleterre ou la Hollande par exemple. L'Ordre continuera donc sa défense intégrale du monopole et du maillage territorial. Hors de question que quiconque puisse s'installer n'importe où, n'importe comment, avec des chaînes ou autre...

La proposition MMA/Santéclair a heurté un certain nombre de confrères. Qu'en pensez-vous ?

L'Ordre est là pour défendre l'éthique et la déontologie, il n'est pas là pour une défense anticoncurrentielle. Néanmoins, on regardera attentivement le contrat MMA, mais les sujets liés à de telles conventions relèvent surtout des syndicats.

La profession semble à un carrefour, or beaucoup de dossiers importants sont au point mort...

Nous sommes effectivement à un carrefour et les nombreux chantiers ouverts lors de mon premier mandat devront être concrétisés lors du second. Mais lorsque l'on a, au cours du même mandat, trois ministres de la Santé, trois directeurs de la DGS, deux à la DHOS, la restructuration de la Haute Autorité de santé et de l'Afssaps, la création de l'UNCAM, qu'arrive un nouveau président de syndicat [NdlR : à la FSPF] et un nouveau syndicat [l'USPO], les délais s'allongent inévitablement. Nombre de dossiers actuels nécessitent des modifications législatives importantes, comme par exemple, celui de la gestion des stupéfiants. Je comprends les attentes des confrères, mais ça avance. La loi Jacob, c'est quand même du concret !

Vous avez d'ailleurs souhaité que des amendements y soient apportés...

Nous avons inscrit trois points clés : les regroupements (donner les outils nécessaires aux confrères désirant se regrouper), les SELAS (remettre en phase les droits de vote et le capital) et la possibilité de création de parts en industrie (3) pour faciliter l'entrée des jeunes dans le capital. Il faut maintenant attendre l'examen de la loi.

Les décrets sur la loi MURCEF sont toujours attendus, or on a l'impression que des réseaux d'officine se créent déjà...

Mon idée maîtresse, c'est : « pas de réseaux dans le réseau ». Les confrères qui ont souhaité se mettre ensemble par des systèmes de participations croisées sont dans la stricte légalité, ça ne pose aucun problème. En fait, on parle de très peu de réseaux puisqu'à ce jour seules sept SEL ont deux participations croisées dans d'autres SEL. C'est tout à fait minime.

La qualité reste-t-elle un dossier prioritaire ?

Oui. Nous affirmons que le réseau des pharmaciens est compétent et dynamique. Les confrères ne doivent pas ressentir cette démarche qualité comme un couperet mais comme quelque chose de positif qui confortera la confiance dans notre réseau. C'est pourquoi nous espérons maintenant mobiliser les 23 000 officines, et pas seulement des réseaux bien particuliers, sur cette nécessité de conforter nos compétences, marche par marche, tranquillement mais assurément.

Toute démarche d'assurance qualité dans les secteurs notamment industriels qui la pratiquent déjà impliquent des process écrits, suivis à la lettre. Faut-il de tels process en officine ?

Il n'y a aucune raison. C'est une approche qualité service, pas industrielle. Chaque officine doit acquérir, grâce à la volonté déterminée de son ou de ses titulaires, une cohérence dans son activité et offrir une égale qualité de service. Pour cela, il faut de la constance dans le travail, ce qui peut impliquer parfois de revoir le management de nos équipes.

Pourquoi ne pas pouvoir communiquer sur une charte de qualité ou sur les formations réalisées ?

Le fait d'afficher la qualité est une très bonne chose. Mais il faut pouvoir présenter une référence compréhensible, claire, issue d'une démarche commune. Si les 23 000 pharmacies inventent une charte qualité qu'elles collent sur leur porte, ça n'a aucune visibilité. Trouver une cohésion d'ensemble : ce sera l'objet de ce mandat. En matière de communication, j'aimerais évoquer deux projets que nous allons concrétiser rapidement. D'abord, l'apparition du pharmacien dans la presse féminine. Sur tous les sujets, qu'il s'agisse de rhumatismes ou de problèmes veineux, le pharmacien n'est pas interrogé or, nous souhaitons qu'il le soit. Ce sera un travail de fond de relations publiques.

Par ailleurs, nous allons lancer une grande campagne de communication faite pour la première fois par l'ensemble de la profession, Ordre, syndicats et groupements. Les confrères recevront ce matériel de communication sur le rôle du pharmacien dans l'hypertension. Cela pourra être renouvelé en fonction de la mobilisation de la profession. On compte sur eux.

Un mot sur Cyclamed : malgré les controverses et les discours, on a l'impression que rien n'a vraiment changé en un an...

Les choses ont quand même évolué puisqu'il n'y a pas de renouvellement de l'agrément de l'association Cyclamed, donc pas de volonté de l'agréer... Des rencontres étaient prévues au ministère, il y a déjà eu une réunion dont il n'est rien sorti de concret et, avec le changement de ministre, tout est arrêté de nouveau. Plusieurs ministères doivent se prononcer : Ecologie, Affaires étrangères voire Industrie. Quant aux confrères qui déshonorent la profession, nous restons clairs dans notre engagement de fermeté. Les chambres de discipline sont en route sur ce thème (21 dossiers sont en cours) et ça continuera si le besoin s'en fait sentir.

Changerez-vous votre façon de travailler au cours de votre second mandat ?

J'ai aussi une volonté forte de travailler en partenariat avec tous les représentants de la profession. Je continuerai mes visites en régions auprès des confrères. Dans ces tournées, j'ai eu l'impression qu'on avait réussi à donner plus de visibilité aux missions ordinales. Enfin, au-delà de notre rôle concernant l'exercice professionnel et l'indépendance du réseau et du pharmacien, j'ai conscience que l'Ordre doit peaufiner son organisation pour offrir un meilleur service rendu aux confrères, au regard de leurs cotisations.

Sur quoi concentrerez-vous vos efforts dans l'immédiat ?

Le dossier chaud des mois à venir sera le dossier patient. Nous réexpliquerons l'importance du dossier pharmaceutique pour la réussite du dossier médical personnel.

(1) Face à Bernard Minne, président du conseil régional Rhône-Alpes.

(2) Le rapport Camdessus prônait notamment la création de chaînes de pharmacies et la sortie du monopole de l'automédication.

(3) L'apporteur en industrie est un véritable associé (même droit de vote qu'un associé en capital).

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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