Bien cotiser pour bien profiter - Le Moniteur des Pharmacies n° 2585 du 04/06/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2585 du 04/06/2005
 

Actualité

Enquête

Que vous envisagiez la retraite dans cinq ou vingt ans, il n'est jamais trop tôt pour vous y préparer. Vous gagnerez du temps et... de l'argent. D'autant que la réforme de 2003 sur les retraites a mis en lumière les difficultés du régime par répartition. Solutions pour bien arrondir sa pension.

Le système de retraite des pharmaciens repose sur trois piliers : le régime vieillesse de base, le régime complémentaire obligatoire, tous deux fondés sur la répartition, et un régime optionnel par capitalisation. Le premier est géré par la Caisse nationale d'assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL) et les deux derniers par la CAVP, Caisse assurance vieillesse des pharmaciens. Les difficultés du système de retraite par répartition ont été mises en lumière par la réforme Fillon. Difficile aujourd'hui pour un titulaire de se contenter de son seul régime de retraite obligatoire lorsqu'il ne sera plus en activité. Plusieurs points sont néanmoins à connaître pour tirer un profit maximal de sa retraite, notamment la possibilité qu'offre désormais la loi de racheter les trimestres de cotisation manquants.

La CAVP, saluée par Capital.

Pour compléter leur retraite par répartition, la CAVP propose aux pharmaciens une assurance vieillesse par capitalisation particulièrement attractive. Le principe : constituer au fil des années un capital, reversé sous forme de rentes trimestrielles au départ à la retraite de l'assuré et jusqu'à son décès. « Les cotisations payées sur ce fonds sont fiscalement et socialement déductibles, ce qui entraîne un effet de levier financier extrêmement fort, puisque, à titre d'exemple, un placement à 4 % procure un rendement net de fiscalité de plus de 7,70 % pour un titulaire taxé au taux marginal de 48,09 % », analyse Dominique Leroy, expert-comptable du cabinet Norméco et spécialisé en gestion de patrimoine.

Le magazine Capital de mars 2005 présente les calculs du cabinet Optima-Retraite selon lesquels les pharmaciens font une meilleure affaire en versant leur cotisation à leur régime de retraite qu'en versant la même somme sur un contrat dit « Madelin » fonctionnant sur le même principe de rente. Ils obtiendront un surcroît de pension de plus de 4 000 Euro(s) par an.

A la CAVP, les officinaux peuvent cotiser librement sur un compte personnel rémunéré à 4,75 % net (en 2004) d'impôts et de prélèvements sociaux sur l'épargne financière. L'année dernière, la CAVP a servi en moyenne aux pharmaciens retraités qui avaient versé sur le plus haut niveau de cotisations 23 069 Euro(s) annuels. La Caisse gère 4,5 milliards d'euros de fonds placés notamment en fonds communs de placement, en obligations et en immobilier. « Lorsque vous placer 100 Euro(s) pour votre retraite, on vous en reverse 90 ailleurs, et 99 à la CAVP, vante Bernard Lagneau, vice-président de la CAVP. Nous n'avons pas d'actionnaires à rémunérer et peu de frais de gestion. »

Mais voilà : depuis plusieurs mois le tableau s'assombrit. « Nos rentes ont perdu 20 % en deux ans ! », fulmine Guy Nadjar, titulaire dans le Val-de-Marne, qui nous a fait parvenir les fiches d'estimation de sa retraite que lui a envoyées la CAVP. Entre 2002 et 2004, le capital constitutif qu'il a acquis (versements et intérêts produits) sur son plan, ouvert depuis 1965 (classe 13), progresse de 44 154 Euro(s) alors que, dans le même temps, l'estimation de sa retraite avec réversion à 65 ans en l'état de sa capitalisation régresse de 5 726 Euro(s) par an. Et même si Guy Nadjar continue de verser le maximum des cotisations possibles jusqu'à 65 ans, sa rente serait amputée de 9 759 Euro(s) avec les taux de rente servis aujourd'hui. « Une chute de 20 % des valeurs qui m'ont été indiquées depuis plus de vingt ans. Comme beaucoup de confrères aujourd'hui je me sens piégé. Et je ne peux même pas récupérer mon capital », s'énerve-t-il. Alain Faidherbe, président du conseil d'administration de la CAVP, lui a répondu par courrier : « En aucun cas les termes de rente ne sont contractuels. Ils ne sont mentionnés qu'à titre indicatif dans les hypothèses de simulation, compte tenu des conditions en vigueur au moment de l'édition de ces documents. »

Revoir les tables de mortalité.

En fait, le « trou d'air » constaté par Guy Nadjar est lié à la révision des tables de mortalité par l'INSEE en 1993. Elles retracent la mortalité des générations de 1887 à 1993 et tiennent compte de l'évolution de l'espérance de vie. Les assureurs doivent tous utiliser ces bases qui leur sont opposables. La durée de la vie s'allongeant, les pensions versées diminuent. La CAVP a donc adopté, en 1998, un plan d'ajustement des rentes. « On est resté très longtemps avec des tables de mortalité dans lesquelles le pharmacien qui partait à la retraite à 65 avait une espérance de vie de 14 ans. Aujourd'hui, l'espérance de vie à 65 ans est de 22 ans. Si votre capital est de 100 au moment de votre départ en retraite et que vous vivez dix années, on vous versera 10 Euro(s) par an avec un taux de 10 %. Si avec le même taux vous vivez vingt ans on ne vous servira plus que 5 Euro(s), détaille Bernard Lagneau. C'est d'autant plus logique que le principe de l'assurance vieillesse est de vous verser une rente jusqu'à votre décès. » Ces deux dernières années l'espérance de vie à encore progressé de six mois. « Je ne conteste pas le fait que ces tables aient une incidence négative sur les rentes, remarque Guy Nadjar. Ce qui me désole, c'est que la CAVP a décidé d'un lissage rétroactif. Le nouveau taux de rente est appliqué sur l'ensemble du capital constitué, y compris donc sur des cotisations que j'ai versées sous l'attrait de taux plus élevés. »

Vers une « revalorisation différenciée ».

Pour la CAVP, l'application de la rétroactivité est logique puisque les termes de rente ne peuvent être connus qu'au moment du départ à la retraite. « Aucun régime ne maintient l'existant, assure Bernard Lagneau. Même si nous fonctionnions avec une retraite par points, la valeur du point aurait diminué. » Consciente de l'agacement de ses adhérents, la CAVP va procéder prochainement à une « revalorisation différenciée » des rentes. Les pharmaciens partis en retraite avec un taux technique avantageux (celui qui permet de calculer le montant de la rente) par rapport à la table de mortalité alors en application n'auront pas ou peu de revalorisation de leurs rentes. A l'inverse, ceux qui partent aujourd'hui à la retraite avec un taux désavantageux bénéficieront d'une revalorisation au cours des années à venir, constituée par la distribution des bénéfices annuels réalisés par la CAVP.

D'autres inconvénients existent. Dominique Leroy en rapporte trois : « Tout d'abord, l'ensemble des rentes servies est taxable à l'impôt sur le revenu lors de leur encaissement. Ensuite, les sommes versées étant des cotisations, elles ne sont en aucun cas récupérables quoi qu'il arrive au titulaire. Enfin, la loi de finances 2004 a sérieusement réduit les limites de la déductibilité fiscale qui sont maintenant plafonnées à un pourcentage du résultat d'activité du titulaire. Les cotisations versées au-delà ne sont plus déductibles et apportent donc beaucoup moins d'intérêt. » D'autres stratégies patrimoniales sont envisageables pour compléter votre retraite CAVP (lire page 28) qui, malgré tout, reste un produit financier intéressant par rapport à ses concurrentes.

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