Il n'y a pas de petite pharmacoéconomie

Nouvelle arme pour convaincre autorités publiques, médecins et patients de l'utilité d'une thérapeutique, la pharmacoéconomie a conquis les laboratoires. L'économiste de la santé a ainsi en charge les dossiers de transparence et de prix destinés à l'accès au marché du produit ou à sa réinscription. Il lui revient aussi souvent de mettre en place les études de pharmacoéconomie stricto sensu (étude coût/efficacité, coût/bénéfice, impacts, autres que clinique, d'un traitement, etc.).

Carole Omnès y a voué sa carrière avec succès puisqu'elle est aujourd'hui chef de gammes oncologie-anémie-transplantation aux affaires économiques chez Roche. Un poste à la jonction entre le réglementaire et le marketing, pour lequel cette dynamique jeune femme ne tarit pas d'éloges. « C'est un poste passionnant d'abord parce que cela me permet de participer à la stratégie de la politique du prix au niveau national, mais aussi parce que j'ai le sentiment d'intervenir à une étape charnière de la vie d'un médicament, lors de son accès sur le marché. De plus, j'ai aussi beaucoup de relations avec mes collègues étrangers au niveau international », explique Carole Omnès. Carole fait aujourd'hui des interventions régulières sur la pharmacoéconomie auprès des étudiants en 5e année de pharmacie à Châtenay-Malabry et du mastère de droit européen.

Si vous aimez les chiffres, si vous prenez plaisir à synthétiser les idées et si stratégie et business vous motivent, le parcours de Carole est un exemple à suivre ! Etudiante en faculté de pharmacie à Bordeaux, Carole Omnès ne tarde pas à rejoindre la région parisienne qui lui permet de concilier son doctorat de pharmacie et un DESS (actuel mastère) d'économie et gestion des services de santé à Dauphine. A l'issue de cette formation, elle décroche un stage chez Schering-Plough qui se transforme à l'issue de son DESS en contrat à durée indéterminée en tant que chargée de projets en pharmacoéconomie. C'est là qu'elle découvre un domaine qui ne cessera de la passionner : l'oncologie. « Le fait de travailler sur des domaines thérapeutiques dans lesquels les produits ont une valeur scientifique aussi forte, le côté biotechnologie, la haute compétitivité des gammes ajoutent encore à l'attrait pour mon métier », explique-t-elle.

« Savoir anticiper. »

Puis Carole part treize mois au Etats-Unis, une expérience qui contribuera largement à l'acquisition des bases de son métier et l'aidera à développer les compétences qui lui permettront de progresser dans sa carrière. « Les affaires pharmacoéconomiques nécessitent un esprit de synthèse, la capacité d'analyser les situations et de prendre du recul. Nous sommes un service support et de notre expertise dépendront en partie les stratégies de développement d'un produit. Il faut donc savoir anticiper : telle réforme, tel changement de tarification à l'hôpital auront-ils un impact possible sur le produit à lancer, sur son mode de financement ? », résume-t-elle. Autant de qualités qu'elle a mises à profit et qui lui ont permis de décrocher ce nouveau poste chez Roche dans la droite ligne de sa première expérience.

Carole y occupe depuis deux ans les fonctions de chef de gammes en oncologie, étendu cette fois à l'anémie et la transplantation. « Ils possèdent les mêmes caractéristiques quant à leur forte valeur scientifique et leur haute technicité », assure-t-elle.

Carole Omnès doit principalement monter les dossiers techniques pour la Commission de la transparence et les dossiers économiques qui seront déposés au Comité économique des produits de santé pour fixer le prix du nouveau médicament. Le même exercice est aussi nécessaire bien sûr en cas d'extension d'AMM. Cette phase technico-réglementaire qui incombe à Carole Omnès et à son équipe (deux chefs de projets), même si elle se situe en aval de l'AMM, est tout aussi cruciale pour le laboratoire. Elle permet un véritable échange et nourrit des contacts étroits avec bon nombre d'autres services du laboratoire, en particulier le marketing, le réglementaire, les études de marché, le médical...

« Chez Roche nous travaillons d'ailleurs toujours en transversal avec les différents services », précise la chef de gamme. La rédaction des dossiers techniques et économiques représente environ 60 % de son temps de travail. Elle partage le reste entre une activité de veille et la mise en route d'études pharmacoéconomiques.

En ce qui concerne la veille professionnelle, la jeune femme reçoit quotidiennement un premier tri des informations susceptibles de l'intéresser, charge à elle de l'analyser, d'évaluer et d'anticiper l'impact qu'elles peuvent avoir pour les produits du laboratoire, qu'ils soient déjà commercialisés ou en voie de l'être.

Enfin, Carole intervient directement sur le lancement des études pharmacoéconomiques : « Lorsque les produits s'y prêtent, nous proposons des études coût/efficacité. En fait nous soumettons aux équipes des recommandations dans ce sens. Quand le projet est validé nous en sommes alors chefs de projet », explique-t-elle. Dans la majeure partie des cas, l'étude est sous-traitée à l'extérieur et prend de six mois à un an. Elle donne lieu à publication d'un article ou d'un abstract.

A la jonction du réglementaire, du marketing et du médical pour certains aspects, Carole Omnès ne changerait de voie pour rien au monde. Un parcours sans faute qui lui permettra d'évoluer logiquement à moyen terme vers le poste de responsable d'un service des affaires économiques.