Des lauriers pour Miss Compléments

Membre de la Société française d'ethnopharmacologie, expert « plantes » auprès du Syndicat de la diététique et des compléments alimentaires (Synadiet), enseignante au département des médecines naturelles de phytothérapie de la faculté Paris-XIII, Hélène de Vecchy est reconnue par la communauté scientifique pour ses vastes connaissances dans le domaine phytopharmaceutique. Elle a pourtant fait ses études dans un but purement officinal et débuté sa carrière par de l'assistanat.

Un an après l'obtention de son diplôme, Hélène part pour Libreville (Gabon) dans le cadre d'un remplacement en pharmacie. Elle sera rapidement adoptée par le microcosme universitaire gabonais et s'adaptera à la culture africaine et son côté « débrouille » : « Nous faisions déjà de la substitution puisque nous étions obligés de travailler avec des grossistes qui nous livraient très irrégulièrement », se rappelle-t-elle.

L'aventure de la pharmacognosie.

En 1977, on lui propose de rejoindre l'Institut de recherche sur la pharmacopée et la médecine traditionnelle gabonaise en pleine création à la faculté de médecine de Libreville. « En acceptant, je me suis embarquée dans la grande aventure de la pharmacognosie. Concrètement, on nous apportait des plantes locales et nous en extrayions les alcaloïdes totaux. Avec les autres actifs, nous élaborions des teintures officinales, raconte Hélène. L'idée, ambitieuse, était de fabriquer des médicaments à partir de la richesse phytothérapique locale. Comme nos travaux n'ont pas abouti rapidement en termes d'application, les subventions de l'Etat ont diminué et le projet n'a plus eu de moteur financier. » Elle plie donc bagages au bout de cinq ans, riche de connaissances en ethnopharmacie et en phytochimie.

De retour en France, Hélène intègre le laboratoire Expansion aromatique française en tant que pharmacienne assistante au contrôle des matières premières. Un poste qui l'oblige à se réadapter à la botanique française et à se replonger dans la Pharmacopée. Mais, très vite, l'appel du marketing retentit. Elle s'inscrit à l'IAE de Paris (Institut des administrations des entreprises) pour décrocher un DESS de gestion. « J'ai eu envie de passer du stade de l'analyse à celui de la stratégie commerciale », explique Hélène, qui accède ainsi à des postes à responsabilité, tout en restant fidèle à l'univers des plantes.

Le grand bain des compléments alimentaires.

Hélène prend successivement les rênes du département médical Phyto-Est et la responsabilité d'une société spécialisée dans la commercialisation des huiles essentielles (Comptoir aromatique spécialisé). Dernier maillon de la chaîne pharmaceutique, la livraison des commandes est un domaine qu'elle connaît aussi très bien puisqu'elle est recrutée par Weleda Ile-de-France en tant que pharmacienne adjointe responsable de la distribution.

Son intégration en 1993 au sein des laboratoires Bioes (qui commercialisent alors des produits cosmétiques), au poste de pharmacienne responsable, marque un tournant dans sa carrière : « J'y ai créé l'activité pharmaceutique et déposé plusieurs AMM de plantes. Mais, surtout, je me suis plongée dans le bain des compléments alimentaires, en plein devenir. J'ai vite exploré le côté réglementaire en pleine évolution, très différent de l'univers figé du médicament », confie Hélène.

Le monde de la nutraceutique n'aura plus de secrets pour elle : constitution d'un dossier scientifique, validation des allégations du produit, supervision des études, étiquetage... . A tel point que lors du changement de capital à la tête de Bioes, Hélène prend la décision de se lancer dans le conseil auprès des entreprises en créant sa propre société : De Vecchy Conseil.

La réglementation avant tout.

Forte de son expérience en entreprise, Hélène participe au développement de nouveaux produits en apportant ses compétences sur les points réglementaires, qu'il s'agisse de cosmétiques, de médicaments ou de compléments alimentaires. Mais c'est sur ce dernier secteur que s'affirme particulièrement son savoir-faire.

« J'interviens aussi bien sur la formulation qu'au niveau des messages publicitaires. Je conçois mon travail comme un partenariat. D'ailleurs, je préfère être consultée en début de projet que faire le « pompier » sur un produit fini. Je suis très ferme sur le respect des règles de communication : pas d'allégation santé, ne pas tromper le consommateur, justifier les promesses annoncées... », précise Hélène.

Au quotidien, il s'agit de choisir les matières premières en fonction de leur qualité, de travailler de concert avec les responsables de la fabrication, de jouer l'interface avec les laboratoires de contrôle, de constituer un dossier scientifique... Pour cela, Hélène est en relation avec la DGCCRF mais aussi avec des experts hospitaliers et universitaires.

A la pointe de l'actualité, elle parcourt l'Europe de congrès en salons, sur le thème des compléments alimentaires ou des ingrédients en phytothérapie. « La législation des compléments alimentaires permet une grande réactivité par rapport au carcan de l'AMM. Il ne s'écoule que six mois entre la formulation et la commercialisation d'un produit ! Pour autant, il ne faut pas croire qu'il n'existe aucun cadre réglementaire », précise Hélène. Une réglementation européenne appelée à évoluer prochainement et qui réserve un bel avenir à son activité.