Allemagne : Pfizer essaye l'arme médiatique contre l'Etat

A partir de janvier, on va économiser sur la santé des cardiaques », « Les assurés peuvent-ils réellement se passer de Sortis ? »... Ces slogans ont été lancés par le fabricant du Viagra fin 2004 dans la presse allemande pour protester contre le déremboursement partiel au 1er janvier de Sortis, son hypolipidémiant (Tahor en France). Cette première, assortie d'une plainte auprès du tribunal des affaires sociales, a suscité de vives réactions. Le laboratoire, accusé de faire pression en déstabilisant les patients et menacé de 25 000 Euro(s) d'amende, a depuis cessé son offensive médiatique.

1,8 million d'Allemands consomment Sortis, prescrit plus de 4 millions de fois en 2003... au prix de 102 Euro(s) les 100 comprimés de 10 mg. « Jusque-là, les patients devaient s'acquitter d'une franchise de 5 à 10 Euro(s)par ordonnance. A l'avenir, il leur coûtera 200 Euro(s) par an en ticket modérateur », explique Eva Mohr, porte-parole de Pfizer. Alors que le ministère de la Santé souscrit à l'équivalence thérapeutique de produits moins chers, Pfizer n'en démord pas. « Sortis ne peut, comme tout médicament innovant, être déremboursé, même partiellement. De plus, pour 650 000 patients coronariens, il n'existe parmi les statines aucune alternative à Sortis », affirme Walter Köbele, président de Pfizer Allemagne.