JPIP 2004 : Conseiller n'est pas éduquer

L 'éducation du patient par le pharmacien a-t-elle des limites ? », débattait-on lors des 55es Journées internationales pharmaceutiques de Paris (JPIP), le 5 novembre dernier. Il semblerait que ces limites soient vite atteintes. Le pharmacien devrait pourtant tenir une place de choix dans l'éducation du patient, en particulier avec l'augmentation du nombre de malades chroniques.

Mais ne s'improvise pas éducateur qui veut. « L'éducation thérapeutique a pour objet de changer le comportement des patients, explique Judith Chwalow, chercheuse à l'INSERM. L'éducation est beaucoup plus compliquée que l'information car il faut coller au mode de vie de chaque patient. » Selon elle, le diagnostic éducatif débute par l'évaluation des besoins spécifiques de chaque patient grâce à une écoute active. Puis il s'agit de l'accompagner dans un processus de changement, ce qui est long et difficile mais conforme au mode d'exercice du pharmacien d'officine. Il faut passer à une logique de questionnement au lieu de donner seulement des informations.

L'acte éducatif, rare au sein des pratiques quotidiennes à l'officine, est orienté vers les médicaments dans les trois quarts des cas, rappelle Philippe Lamoureux, directeur général de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, et le pharmacien se situe le plus souvent sur le terrain du conseil ou de l'information (INPES). « Il ne faut pas confondre le conseil, qui relève de la fonction classique du pharmacien, et l'éducation qui est une autre démarche. Pourtant le pharmacien est confronté à des situations éducatives face au tabagisme, à la contraception d'urgence, aux voyageurs... Il a une bonne formation pour le conseil mais il doit développer l'éducation à la santé. »

Problème, l'enseignement de la démarche éducative est pour ainsi dire inexistant au cours des études de pharmacies...