Le marché explose sans la France - Le Moniteur des Pharmacies n° 2556 du 06/11/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2556 du 06/11/2004
 

BIOTECHNOLOGIES

Actualité

L'événement

D'ici 2010, un nouveau médicament sur deux dans le monde devrait être issu des biotechnologies. Le Carrefour européen des biotechnologies, qui s'est tenu à Marseille du 27 au 29 octobre, a pointé un retard français patent dans ce domaine.

Le Carrefour européen des biotechnologies poursuit le même objectif depuis huit ans : promouvoir les biotechnologies. Une nécessité quand « 71 % des Français n'ont jamais entendu parler des médicaments issus des biotechnologies », selon le baromètre IFOP-Leem de mai 2004. D'autant plus que, d'ici 2010, un médicament sur deux en sera issu. Le Leem estime en effet que les biotechs représentent la seule réponse à certains besoins thérapeutiques non satisfaits : maladies orphelines, cancers, atteinte du système nerveux... François Gros, secrétaire de l'Académie des sciences, précise que l'on compte 6 000 maladies rares touchant 3 millions de Français et 25 millions d'Européens.

Les médicaments issus des biotechnologies étant très ciblés sur des pathologies, ils ne concernent parfois qu'un petit nombre de patients, d'où un retour sur investissement qui peut s'avérer limité. Le Leem estime pourtant que ce secteur devrait croître de 15 % par an d'ici 2010 contre 6 à 7 % pour l'industrie pharmaceutique.

Les Etats-Unis investissent trois fois plus que la France.

La France sera-t-elle capable de jouer un rôle économique sensible sur ce marché très porteur ? A cet égard, le Carrefour européen des biotechnologies a stigmatisé le retard de l'industrie française des biotechnologies (malgré une recherche publique de haut vol et des progrès récents en matière de financement de l'innovation). « L'Europe est à la remorque des Etats-Unis. Quels que soient les indicateurs retenus, chiffres d'affaires, entreprises cotées, brevets déposés, le rapport est de un à trois, déplore Marc de Garidel, président du comité Biotechnologies du Leem. Nous devons mettre plus d'argent en matière de recherche publique fondamentale. Sans recherche publique et sans dépôt de brevet, les biotechnologies ne peuvent pas exister. Il faut encourager les chercheurs du public à tenter l'aventure du privé. »

Or, à ce jour, la France fait pâle figure en nombre de molécules développées : 31 contre 194 pour la Grande-Bretagne en 2002 et 79 pour la Suisse. L'insuffisance des fonds de lancement est en partie responsable de ce retard. Les biotechs françaises disposeraient de 300 000 à 400 000 Euro(s) à l'amorçage contre 800 000 à 1 million pour leurs homologues britanniques et américaines.

François d'Aubert, ministre de la Recherche, a accusé les capital-risqueurs d'être « trop frileux ». « La bulle Internet et ses échecs ont nui au développement des biotechnologies, a-t-il regretté. Les gestionnaires de fonds commun de placement dans l'innovation thésaurisent l'argent des épargnants au détriment de projets qui ne sont pas financés. » Un sentiment partagé par Alain Mérieux, président de l'Institut Mérieux : « Pour réussir, il faut un environnement (recherche universitaire et hospitalière) performant et ouvert sur l'industrie, une taille critique, une fiscalité appropriée et beaucoup d'argent. » Interrogé par Le Moniteur, José Sampol, professeur à la faculté de pharmacie de Marseille, vice-président « recherche et valorisation » à l'université, estime que « le succès ne revient pas à celui qui a la meilleure idée mais à celui qui sait la vendre. Il faut aider nos chercheurs universitaires à déposer des brevets. »

« Les Etats-Unis sont leaders parce qu'ils investissent sur les biotechnologies depuis vingt-cinq ans, consacrent trois fois plus d'argent à la recherche que la France et ont compris l'intérêt stratégique du secteur, remarque Pierre Tambourin, directeur général du Génopôle d'Evry, référence française en matière de biotechnologies. L'explication du retard français repose aussi sur le facteur humain. Les chercheurs ne sont pas habitués au langage de l'entreprise et peu soutenus par les grands organismes de recherche. »

Et si le nerf de la guerre n'était pas uniquement une histoire d'argent mais de consensus ?

Les médicaments biotechs et l'officine

Près de 200 médicaments issus des biotechnologies sont disponibles dans le monde et 371 sont en développement aux Etats-Unis. Hormones, interférons, interleukines, anticorps monoclonaux, facteurs de coagulation ou vaccins font déjà partie de la panoplie « de routine » pour certains traitements et sont tous obtenus par recombinaison génétique. Selon Marc de Garidel (Leem), « les médicaments issus des biotechnologies représenteront 12 à 15 % du marché mondial ». Seront-ils diffusés via l'officine ? « Certains médicaments comme le Glivec ou le Neulasta (Amgen) sont à l'officine, répond-t-il. D'autres devraient suivre dans le cadre de la médecine ambulatoire. »

Point de vue identique pour le Pr Sampol (faculté de pharmacie de Marseille) : « D'ici 2010, nous disposerons de médicaments vivants. La cellule médicament va entrer dans le système thérapeutique. Je ne vois pas pourquoi elle ne serait pas distribuée par l'officine, dans certaines conditions. Cela suppose une adaptation de la formation des pharmaciens. »

Les innovations bientôt disponibles*

Cancer : 82 produits

Maladies cardiovasculaires, hyperlipidémies : 47

Antiviraux/VIH : 38

Vaccins : 32

Arthrites, douleur : 30

Antibiotiques, antifongiques : 27

Thrombose, AVC : 22

Maladie de Crohn, syndrome du côlon irritable, maladies inflammatoires intestinales : 19

Anxiété, dépression, troubles bipolaires : 17

Schizophrénies : 15

Diabètes : 15

Allergies, asthme, pneumopathie chronique obstructive : 15

Maladie d'Alzheimer, maladies neurodégénératives : 10

Ostéoporose, maladie de Paget : 10

Chiffres

- Un tiers des médicaments nouveaux sont désormais issus des biotechnologies.

- 46,6 milliards de dollars, soit le CA mondial des biotechnologies en 2003 (+ 17 % en 2002), soit 10 % du CA de la pharmacie (468 Md$).

- 371 médicaments biotechnologiques sont en cours de développement préclinique ou clinique dans le monde (7 703 brevets déposés aux USA en 2002, 4 300 en Europe). La France représentait il y a deux ans 7 % des molécules développées en Europe.

- 239 entreprises françaises sont dédiées à la recherche et aux applications biotechnologiques (3e rang européen derrière l'Allemagne et la Grande-Bretagne).

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