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DOUBLE EXERCICE
Actualité
Enquête
Pour des raisons d'intérêt professionnel, d'organisation ou par opportunité, certains pharmaciens ont arrêté de cumuler officine et gérance de PUI. Deux titulaires et une adjointe nous expliquent pourquoi.
Claude Fischer a été titulaire et gérant pendant 17 ans, d'abord comme assistant puis titulaire d'officine, avant de se consacrer depuis un an à la gérance de la PUI de l'établissement de moyen séjour Sainte-Marie, à Villepinte (Seine-Saint-Denis) : « A l'époque où je faisais les deux, on avait deux demi-journées de présence les lundis et vendredis matin. Mon passage aux cinq demi-journées (obligatoires) en 2001 a été possible parce que j'avais une assistante et aussi parce que j'étais déjà gérant de la PUI. Sinon je n'aurais jamais eu ce poste en étant aussi titulaire d'officine. Je faisais les deux à la fois par intérêt professionnel et pour des raisons financières. Une certitude : cela apportait un plus qualitatif au niveau de l'officine. Outre la connaissance du médicament hospitalier, vous apprenez en établissement à mieux diriger les gens et à mieux gérer les prescriptions un peu compliquées. D'où un meilleur conseil. »
Anne Montfajon a été pendant 26 ans titulaire et gérante de la pharmacie de l'Hôpital du Parc à Taverny (Val-d'Oise). Elle a arrêté la gérance depuis cinq ans : « J'ai fait les deux pendant longtemps car c'était une ouverture sur un autre monde. D'abord j'y voyais des cas beaucoup plus sévères qu'en ville, liés à des thérapeutiques de pointe, des ATU. Vous appreniez à évaluer l'intérêt du choix d'une molécule à la fois au plan santé et économique pour l'hôpital. Et puis à l'hôpital, on considérait le pharmacien comme quelqu'un de cérébré, contrairement à la manière dont la visite médicale considère le pharmacien d'officine. »
Marie-Antoinette Andarelli a été assistante et gérante pendant dix ans à l'hôpital d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) avant de s'associer : « Quand j'ai eu cette gérance, j'étais interne titulaire à Bichat. A l'époque, c'était 4 heures hebdomadaires pour 50 lits et j'en avais 80. Dans les faits, je faisais plus d'heures, j'y allais le samedi matin. Côté officine, cela nous aidait beaucoup notamment de par ma connaissance du matériel médical. »
« Le Moniteur » Comment avez-vous pu gérer pendant si longtemps l'exploitation de votre officine et la gérance d'une PUI ?
Claude Fischer : C'était tendu. Je pense que cela à nui à mon officine au plan financier et de la gestion. Il est évident que l'on maîtrise moins son affaire. J'avais des difficultés à prendre des vacances - une seule semaine certaines années - car il fallait tenir compte de celles des salariés des deux côtés. J'avais une officine de moyen chiffre d'affaires. C'est sûrement plus facile pour une plus grosse officine et qui a de nombreux salariés.
Anne Montfajon : Cela prend énormément de temps. Sinon, c'est qu'on le fait hors la loi. J'y allais le lundi matin, plus à la demande, étant installée en face. Je pouvais le faire car c'était dans une petite unité sans trop de paperasse. Cela a certainement pénalisé économiquement mon officine. Ce n'est certainement pas compatible si vous êtes en train de rembourser votre officine.
Quel exercice fut le plus enrichissant ?
Claude Fischer : L'hôpital, même si les deux sont intéressantes. Vous avez d'autres relations avec les gens, patients et intervenants. Globalement, l'activité est évidemment plus technique et moins business qu'à l'officine. L'officine 9 heures par jour, c'est long. Les clients changent mais c'est toujours un peu la même chose.
Anne Montfajon : C'est bien le comptoir, mais bon... l'hôpital est sans doute plus intéressant. Plus précisément, mon travail de gérance me permettait d'être au top sur le médicament coeur-poumon. J'ai de très bons souvenirs de cet établissement à dimension humaine. Pourtant, hors statut de praticien hospitalier, c'était payé au lance-pierres [avant la réforme du statut de pharmacien à temps partiel, NdlR].
Marie-Antoinette Andarelli : Faire l'officine plus la PUI était très enrichissant : abord de dossiers médicaux qu'on n'a évidemment pas en ville, discussions fréquentes avec les médecins... C'est bon de pouvoir sortir de l'officine.
Comment l'exercice en PUI a-t-il évolué ?
Claude Fischer : Chez nous on fait beaucoup de cancérologie avec nombre de produits chers et sensibles et on gère du coup beaucoup de stupéfiants. On a évidemment été amené à faire des soins palliatifs. A la PUI, outre les tâches habituelles de dispensation et d'organisation, on nous demande des ratios sur les commandes, de rendre des comptes. En tant que pharmacien, je fais les achats via une centrale. Avant, je « faisais mon marché » tout seul, de gré à gré.
Anne Montfajon : Finie l'époque où l'on préparait une caisse de produits pour un étage ! Désormais l'ordonnance est saisie dans les services, passe par le pharmacien, est analysée informatiquement (pour vérifier la compatibilité des prescriptions au vu du dossier médical...). Avant il fallait garder les blisters pour la traçabilité ! On en est arrivé à des dispensations à la semaine, « à la canadienne ».
Sur le plan économique, le pharmacien gérant est en théorie le responsable en matière d'achats, même si c'est le comité du médicament qui en décide formellement pour l'année. Il faut savoir que le médicament est le deuxième poste budgétaire d'un établissement derrière les salaires, on attend donc le gérant au tournant, coincé entre l'administration, le médecin qui souhaite voir certains produits référencés et le malade...
Pourquoi avoir arrêté cette double activité ?
Claude Fischer : J'ai vendu mon officine l'an dernier. A 48 ans, on commence à fatiguer, et puis il faut changer dans la vie ! A la PUI, j'ai dû finir par travailler presque à plein temps ou bien il aurait fallu repousser un certain nombre d'améliorations, même si dans mon établissement on reste officiellement sur les cinq demi-journées réglementaires. Mais comme nous allons mettre en place une dispensation unitaire...
Anne Montfajon : La pharmacie hospitalière a sombré dans l'administratif quand sont arrivés le programme de médicalisation des systèmes d'information, les réévaluations... Avec la déferlante de divs, il aurait fallu être tout le temps à la PUI. Les réunions se sont multipliées...
Les choses évoluent et c'est tant mieux. Quand je travaillais à la PUI, il y avait un préparateur à temps plein plus un administratif avec moi. Aujourd'hui, il y un pharmacien trois jours pleins plus un préparateur, un aide-préparateur et un administratif, pour 120 lits. Aujourd'hui, si on décide d'être pharmacien en PUI, il faut s'y consacrer à temps plein. J'ai arrêté au bon moment.
Marie-Antoinette Andarelli : Je me suis surtout arrêtée en raison des distances à couvrir. En plus, avec mes enfants, je ne m'en sortais plus. Et puis le jour où vous êtes titulaire, j'estime qu'il faut choisir, il n'y a pas de raison de cumuler et il est impossible de tout assumer sauf à avoir beaucoup de monde à l'officine. On ne peut pas bien travailler dans une pharmacie à l'usage intérieur en travaillant soixante-dix heures en officine. Cela étant, si je n'avais pas eu l'opportunité de m'associer, j'aurais passé le concours des hôpitaux. Je n'aurais pas hésité une seconde. Je voulais avoir une liberté et une autonomie difficile à avoir en tant qu'adjoint en officine.
Un statut de salarié
Dans les établissements de santé de santé et médicosociaux privés, la gérance des PUI est exercée par un pharmacien salarié avec qui il est lié par un contrat de gérance. Ce contrat inclut a minima le temps de présence minimal, les obligations de services et les modalités de remplacement du pharmacien gérant, ses éléments de rémunération, les conditions de mise à disposition des locaux, équipements nécessaires au bon fonctionnement de la PUI. Néanmoins, si le temps de présence se justifie, principalement par la multiplication des charges dévolues au pharmacien, l'administration de l'établissement peut estimer que le temps de présence nécessaire sera plus long. L'idée commence à faire son chemin, y compris en établissement médico-social, même si la notion d'économie de charges de personnel prime encore.
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