Joyeux bicentenaire !

Si la Révolution avait en 1792 supprimé l'enseignement médical, n'importe qui pouvant alors s'installer comme médecin en payant patente, cette liberté ne dura guère avec, dès 1795, la reconstitution de cette formation dans trois écoles : Paris, Strasbourg et Montpellier. En 1804, la Commission des hospices décide de fonder une école pratique de santé chargée de former des officiers de santé battant la campagne pour soigner les patients les moins gravement atteints et les moins aisés. En mars de la même année, le préfet Quinette crée, par décret napoléonien, une école de santé à Amiens sur une initiative d'un pharmacien du nom de Lapostolle.

Héritières de cette école de santé*, les facultés de pharmacie et de médecine amiénoises ont décidé de célébrer ce bicentenaire huit mois durant, jusqu'au 8 décembre. Une série de conférences (voir encadré) est notamment proposée, ainsi qu'une exposition itinérante contant les grands moments de l'histoire de l'école de santé. Les Picards pourront la découvrir à Abbeville, Saint-Quentin, Laon, Compiègne, Beauvais et Creil.

Numerus clausus porté à 73.

En deux cents ans, la physionomie des enseignements a beaucoup évolué : la faculté dispose ainsi d'un équipement audiovisuel de pointe qui permet par visioconférence de diffuser un enseignement pour spécialistes dans les hôpitaux de la région. Surtout, elle se prépare au LMD (licence, mastère, doctorat), schéma européen de formation qui entrera dans les faits en Picardie - et c'est une première en France - dès cette rentrée.

La faculté préparera toujours au diplôme de pharmacien, mais aussi à une licence santé (puis un mastère et un doctorat), ouverte aux étudiants non classés dans le numerus clausus à l'issue de la première année. Les premiers suivront la filière classique de formation au métier de pharmacien, tandis que les autres pourront se réorienter en biologie ou en chimie à la faculté des sciences. « Le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche a donné son aval à cette première », se réjouit Michel Brazier, qui préside aux destinées de la faculté depuis 1999. Autre chantier : le rapprochement entre les facultés et l'hôpital qui sera réalité à l'horizon 2010, puisque tout le pôle santé amiénois sera regroupé à Amiens Sud, sur le site élargi du CHU Sud.

Par ailleurs, l'augmentation du numerus clausus qui est passé de 61 en 2002 à 67 en 2003 et 73 cette année. « La hausse devrait se poursuivre pour répondre aux besoins compte tenu d'une pyramide des âges qui verra nombre de cessations d'activité », pronostique Michel Brazier, qui avance l'objectif de 90 étudiants. La faculté comptait 660 étudiants en 2003-2004, 15 professeurs et 25 maîtres de conférences.

Si les étudiants en filière officine disposent depuis un an d'une pharmacie virtuelle pour l'apprentissage de l'utilisation des principaux logiciels, une filière industrie a vu également le jour il y a deux ans. Elle compte huit à dix étudiants. La faculté développe dans ce cadre un partenariat avec Unither et Aventis respectivement implantés à Amiens et Compiègne.

Côté troisième cycle, Amiens met en place un mastère santé, spécialité « Interactions moléculaires et pathologies humaines - Recherches thérapeutiques », une formation adossée sur les laboratoires de recherche en cancérologie, neurosciences, cardiologie vasculaire, os et virologie.