Le travail en pente douce - Le Moniteur des Pharmacies n° 2544 du 10/07/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2544 du 10/07/2004
 

QUITTER LA RÉGION PARISIENNE

Carrières

La province attire de plus en plus de salariés à la recherche d'une meilleure qualité de vie. Parmi eux, des pharmaciens qui n'ont pas hésité à quitter une région, l'Ile-de-France, où se concentre la majorité des emplois de l'industrie. Témoignages.

Selon les deux derniers recensements, près de 20 millions de Français auraient changé de ville entre 1990 et 1999. Les raisons sont multiples, mais la recherche d'une meilleure qualité de vie représente souvent la première des motivations. Et c'est vers la province que ces migrations ont lieu, et en particulier vers l'ouest et le sud de la France. Dans son dernier « palmarès des villes où il fait bon vivre », l'hebdomadaire Le Point ne se trompe pas en classant Paris en 23e position.

« Aujourd'hui, nous avons de moins en moins de difficultés à pourvoir les postes de cadres en province. On constate un réel courant de retour aux sources, en particulier vers sa région natale », observe Xavier Mansart, directeur associé du cabinet A. Aston. Mais les propositions de postes n'abondent pas, la majorité des sièges sociaux de l'industrie pharmaceutique se situant en région parisienne. « Il y a cependant plus d'opportunités d'emploi dans le domaine de la visite médicale et celui du monitoring pour les assistants de recherche clinique », informe David Demurger, consultant en recrutement (dans le domaine de la santé) chez Winner. Sans oublier, bien sûr, l'univers de la production où les sites industriels se trouvent souvent éloignés de la capitale.

Le profil type des candidats à la recherche d'une meilleure qualité de vie ? « Des mères de famille de 40 ans et plus qui cherchent à consacrer du temps à leurs enfants et ne considèrent plus leur carrière comme primordiale », rapporte David Demurger.

« Voir le soleil tous les jours ». D'autres ont un tropisme vers le soleil, tel Jean-Marie Picaud qui a rejoint Carros (Alpes-Maritimes) et les laboratoires Arkopharma en avril dernier en tant que chef de groupe marketing France. « Entre une même proposition de poste à Paris ou à Nice, je n'ai pas hésité !, confie ce passionné de sport en montagne. Le week-end, je rejoins facilement les grands massifs en moins d'une heure... De plus, on vit ici beaucoup plus dehors, ce qui favorise un meilleur contact et les relations sociales se créent plus facilement, à la fois au sein de l'entreprise qu'en dehors du monde du travail. »

« La "luminothérapie", ça existe ! Voir le soleil tous les jours, ça fait du bien au moral », assure Sabrina Peloux, chef de produit international pour le laboratoire Théramex, à Monaco. Cette originaire du Var avait déjà demandé un transfert de dossier de Paris à Montpellier pour finir ses études sous le soleil méditerranéen. Puis elle retournera à Paris faire ses premières armes dans l'industrie. « Quand j'ai appris qu'un poste de chef de produit junior était à pourvoir à Monaco, j'ai mis toutes les chances de mon côté pour le décrocher. » Quatre ans après plus tard, le bilan est positif : « En aucun cas, ni moi ni mon mari ne remonterions à Paris, même s'il a dû sacrifier sa carrière en me suivant. »

Il faut bien reconnaître que la perspective de retrouver les transports et les embouteillages parisiens n'est pas très réjouissante. « Nous avons moins de stress qu'en région parisienne où l'on arrive au travail sur les nerfs après une heure voire plus passée dans le métro ou dans sa voiture », confirme Jean-Marie Picaud.

Des salaires moins élevés qu'à Paris. Même sur la Côte d'Azur, la transhumance des touristes en été ne semble pas gêner les locaux. « Nous partons le matin quand tout le monde dort encore et nous rentrons aux horaires de la plage », témoigne Sabrina Peloux.

Marie-Astrid Koenig, pharmacienne dans les affaires réglementaires, a quitté Paris pour Lyon : « Je ne pouvais plus supporter les retours de week-end difficiles sur les routes, et puis je voulais me marier et avoir des enfants dans un meilleur environnement, confie-t-elle. Ici, le mode de vie est différent, plus tranquille. La mentalité est davantage axée sur la vie de famille qu'à Paris. Et en région Rhône-Alpes, les habitants ont un gros budget loisirs. »

Autre avantage de la province : les loyers moins élevés. Encore faut-il que les salaires soient à la hdiv de ceux versés dans la région parisienne. Selon Xavier Mansart, il y aurait dans certains laboratoires des différences de 10 à 15 % entre Paris et la province.

Marie-Astrid Koenig et Jean-Marie Picaud n'ont pas constaté d'écart en termes de rémunération, contrairement à Sabrina Peloux. « J'écarte systématiquement les propositions m'offrant un salaire plus élevé sur Paris. Mon objectif est avant tout de travailler dans une structure et un mode de vie qui me conviennent », juge-t-elle de son bureau face à la mer. Pourtant, si les paysages sont paradisiaques, si le rythme de vie est cool en province, le rythme de travail serait, au dire des pharmaciens interrogés, soutenu.

Quelles perspectives d'évolution ? Reste que s'éloigner de la région parisienne peut faire peur, comme le fait remarquer David Demurger : « Les jeunes pharmaciens craignent ensuite de se retrouver loin des opportunités d'évolution dans leur carrière. » A tort ou à raison ? « Il faut avant tout privilégier la richesse du poste, quelle que soit sa localisation », poursuit David Demurger, qui reconnaît que l'évolution de carrière est souvent plus rapide sur Paris. « Cependant, je connais plusieurs cas de pharmaciens qui ont fait une carrière exemplaire sur Lyon, même s'ils sont restés dans la même structure », rétorque Xavier Mansart.

« Je crois aux opportunités à partir du moment où l'on a fait ses preuves », estime Sabrina Peloux. Pour Jean-Marie Picaud, le fait d'intégrer une structure internationale offre de réelles perspectives d'avenir. Alors, le raisonnement qui consiste à se dire de ne quitter Paris qu'après y avoir fait ses armes n'est peut-être pas le bon. « Les employeurs en marketing recherchent plutôt des profils de jeunes loups », explique David Demurger. Sans compter qu'on déménage moins facilement avec toute une famille, même pour se rapprocher de la grande bleue ou des pistes de ski...

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