Monoï-maniaque - Le Moniteur des Pharmacies n° 2543 du 03/07/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2543 du 03/07/2004
 

PORTRAIT D'YVES TOUBOUL

Carrières

Un pied en métropole, l'autre en Polynésie française, Yves Touboul s'est construit un univers peuplé par les végétaux du Pacifique Sud. Et une société dont le monoï est l'emblème d'une belle réussite.

Pacifique, Tahiti, monoï, vanille... En écoutant Yves Touboul parler de son métier, on est transporté vers des paradis exotiques, dans des sillages de parfums qui évoquent instantanément le voyage et l'enfance. « Au cours de ma troisième année de fac, je suis parti avec un ami en Côte d'Ivoire. Ce voyage a été pour moi une révélation, le facteur déclenchant de mon envie de travailler à l'étranger, raconte-t-il. Quelques mois après, je me suis envolé vers la Polynésie française. La vie là-bas était si extraordinaire que j'ai immédiatement eu le désir de m'y installer. Et j'ai fait la rencontre avec le monoï. Cette huile parfumée était très utilisée dans mon enfance. J'ai alors pensé à en développer une présentation plus cosmétique et plus pharmaceutique. »

L'objectif d'Yves Touboul était de réussir à marier la cosmétologie moderne aux secrets de beauté du monoï (l'huile est utilisée traditionnellement par les Polynésiens dès leur plus jeune âge pour les soins du corps et des cheveux). Cette idée, il ne la doit pas au hasard, ses parents étant parfumeurs.

Cueillette fructueuse.

La cinquième année hospitalo-universitaire (AHU) était le moment idéal pour retourner en Polynésie. Yves est le premier à ouvrir le poste AHU à la pharmacie de l'Hôpital territorial de Mamao-Papeete. Retour sur Marseille où il reprend son cursus et passe ses examens. Puis il repart à Papeete effectuer ses six mois de stage de fin d'études dans une officine située en face de l'Hôpital territorial.

Dans le même temps, il crée sa société, le Laboratoire de cosmétologie du Pacifique Sud (LCPS). Grâce à l'aide financière familiale, il monte une usine de fabrication du monoï. Cette année-là le monoï de Tahiti bénéficie d'une appellation d'origine...

Yves apprend vite à préparer le fameux macérat de fleurs de tiaré dans l'huile de coco. Il se rend sur le terrain pour acheter le tiaré aux producteurs, s'assure de la qualité du produit, du respect des principes de cueillette. « J'ai travaillé parallèlement en officine durant les trois premières années. Cette expérience m'a permis de connaître la population, de m'adapter à la mentalité polynésienne et de m'implanter localement », souligne Yves. Pour organiser la distribution commerciale vers l'industrie cosmétique, il lance Pacifique Sud Cosmétique dans le midi de la France.

Sa formation de pharmacien a permis à Yves d'acquérir des compétences qui font vite la différence avec ses concurrents. « Que ce soit dans la formulation, les sources d'approvisionnement, la reproductibilité en matière de fabrication, tout ce qui concerne la qualité, j'ai su adapter la matière première à la normalisation exigée pour les produits cosmétiques », explique-t-il.

Ses clients ont pour nom Pierre Fabre (Les Polysianes), les laboratoires Mathieu et Ageti dans le sud de la France, Yves Rocher mais aussi des sociétés fournissant la grande distribution. L'activité de la société évolue alors vers la production d'autres matières premières comme l'huile de tamanu, un arbre recherché pour les propriétés de ses noix dont la cueillette s'effectue sur les îles de Raïatea et aux Marquises. LCPS en devient le plus gros producteur de Polynésie (l'huile de tamanu entre dans la composition de nombreux produits de soins de parfumerie sélective).

A la recherche de la plante perdue.

Cinq ans après la création de la société, son frère Olivier, qui vient de terminer ses études de pharmacie, le rejoint et prend la direction de la production à Papeete. Pour étoffer la distribution des matières premières, difficile à effectuer localement, Yves passe dès lors plus de temps en métropole.

« Nous sommes continuellement à la recherche de nouvelles plantes pouvant intéresser l'industrie, que nous fabriquons et distribuons sous forme d'extraits végétaux ou d'huiles vierges de première pression. » Pour assurer l'avenir de la société, Olivier Touboul fait ce que l'on appelle du « sourcing » : il parcourt le terrain, rencontre les populations locales, enquête pour trouver des plantes susceptibles de fournir une activité pharmaceutique ou cosmétique. « Nous exploitons les ressources naturelles polynésiennes en allant chercher des produits connus et reconnus par les habitants », commente Yves.

Un autre axe est développé : le domaine alimentaire. « La demande de plantes brutes pour l'usage alimentaire est de plus en plus importante. La plus appréciée est la vanille, que nous achetons verte et que nous faisons ensuite sécher par un préparateur à Taha'a, "l'île de la vanille". Nous travaillons en partenariat avec une société polynésienne, le Comptoir tahitien. Nous fournissons les Galeries Lafayette, le Bon Marché, etc. »

Rien ne semble arrêter la progression d'Yves et de sa société qui ont su aussi gagner la confiance de l'étranger. Après l'Italie, premier pays d'importation de ces matières premières, l'Espagne, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Corée, les Etats-Unis ou le Brésil ont suivi.

Pour exporter, le laboratoire s'appuie sur un réseau de distribution international et des sociétés françaises ayant des filiales dans le monde entier. « Avec l'apparition de la tendance Spa, nous avons trouvé de nouveaux axes de développement : les massages et les exfoliations. Le monoï de Tahiti et toute la gamme d'exfoliants naturels que nous avons créés depuis deux ans (coque et pulpe de coco, sables exfoliants de Polynésie) trouvent naturellement leur place dans ces applications », révèle Yves Touboul.

La passion d'un pharmacien pour le monoï aura fait éclore un laboratoire cosmétique florissant et très polyvalent.

Yves en quelques dates

- 29 juin 1965 : naissance à Marseille.

- 1992 : 5e année de pharmacie à Marseille et création du Laboratoire de cosmétologie du Pacifique Sud et de Pacifique Sud Cosmétique.

- 1993 : 6e année de pharmacie. Installation d'une usine de fabrication à Papeete et d'une unité de distribution et de logistique en métropole.

- 2002 : diplôme d'Etat de docteur en pharmacie option officine (thèse : « Le monoï de Tahiti : de la pharmacopée traditionnelle à la production industrielle »).

- 2004 : construction en cours d'une nouvelle usine de production à Papara (Tahiti).

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