Xavier Bertrand veut impliquer l'officine - Le Moniteur des Pharmacies n° 2537 du 22/05/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2537 du 22/05/2004
 

57E CONGRÉS NATIONAL

Actualité

L'événement

57e congrès national pour la FSPF, l'APR et l'UTIP. Avec des sujets chauds et un ministre pressé, la manifestation de Tours, le week-end dernier, s'inscrivait dans l'actualité.

Lorsque le générique a trouvé sa place auprès des patients et qu'un petit nombre continue à vouloir des marques, l'assurance maladie n'a plus vocation à s'engager de la même façon. La responsabilisation de tous les acteurs implique de prendre des mesures comme le TFR. » Ceux qui espéraient encore une remise en question des tarifs forfaitaires de responsabilité en seront pour leurs frais au vu du discours de Xavier Bertrand à Tours ce week-end. Cette évocation du TFR par le secrétaire d'Etat à l'assurance maladie, montre que le Gouvernement reprendrait bien à son compte la voie préconisée par Noël Renaudin, président du Comité économique des produits de santé, explicitée lors du dernier Pharmagora. A savoir que pour les groupes où le générique est fortement installé, un TFR s'imposerait. Restera à savoir à quel niveau il tomberait : 60-70 % de substitution dans un groupe, comme le suggérait le haut fonctionnaire, ou davantage ? En tout cas, « cet instrument ne doit pas être ressenti comme une sanction », insiste Xavier Bertrand qui se dit soucieux de piloter l'outil TFR « avec prudence » afin de maintenir une offre générique suffisante pour pouvoir peser sur les prix.

Attendus sur les nouveaux génériques.

A Tours, Xavier Bertrand a cependant exhorté la profession à poursuivre son effort dans la politique des génériques, « l'une des grandes réussites des officinaux, de l'Etat et de l'assurance maladie dans le contrôle des coûts du médicament ». Objectif, se rapprocher de l'Allemagne ou du Royaume-Uni où le générique représente 30 à 40 % du marché des médicaments. Le potentiel d'économies pour 2004 est de 1 milliard a rappelé Xavier Bertrand, et le ministère attend les officinaux sur les nouveaux génériques : « La substitution doit se poursuivre à un rythme élevé et en particulier lors de l'entrée en vigueur d'une nouvelle molécule » au Répertoire.

Quant à la réforme de l'assurance maladie, le secrétaire d'Etat a insisté sur l'urgence à agir et à ce que tout le monde sans exception mette du sien pour sauver un système qui n'a « plus de pilote dans l'avion », d'où « la démotivation de chacun » : « Chacun doit prendre conscience que rien n'est dû, ni durable, sans évolution des comportements. » Si rien n'est fait, il faudra doubler la CSG d'ici 2020 ou réduire le taux de remboursement moyen à 51 % : « Inacceptable. » Le matin même, Pierre-Jean Lancry, secrétaire général du Haut comité pour l'avenir de l'assurance maladie, enfonçait le clou : « L'expression "on va droit dans le mur" est mauvaise : on est dans le mur. » Après dix ans de recours à l'endettement, la dette de l'assurance maladie est déjà de 35 milliards. « Il faut se sortir de la tête l'idée selon laquelle plus de recettes (un retour de la croissance) nous sortirait de la crise. Le système est organisé par nature de façon dispendieuse. 75 % de notre déficit est désormais structurel. »

Nouveaux conditionnements.

In fine, le Gouvernement attend aussi les officinaux dans la délivrance de conditionnements adéquats selon les pathologies, puisqu'il est fortement question, a-t-il rappelé, de les adapter aux traitements chroniques et de courte durée. Et de mettre en parallèle cette inadéquation des boîtages avec les 130 000 hospitalisations annuelles dues à des interactions médicamenteuses. Les officinaux devraient aussi se positionner pour éviter les prescriptions redondantes.

Dans le même ordre d'idée, le secrétaire d'Etat à l'assurance maladie a évoqué la participation « essentielle » des pharmaciens au futur Institut des données de santé, qui sera « en charge d'assurer le partage de l'ensemble des données disponibles sur les pathologies et les soins ». Le partage d'informations entre caisses, organismes complémentaires et professionnels de santé sera le nerf de la guerre pour contrôler, maîtriser et adapter les remboursements, des complémentaires notamment. Le dossier médical partagé ne servira pas qu'à pister les interactions...

Les marges arrières sur la table.

Au chapitre des oublis, on notera les déremboursements, étrangement absents du discours de Xavier Bertrand. A cet égard, Bernard Capdeville s'est dit déçu du silence ministériel notant par ailleurs qu'il fallait s'attendre à des baisses de prix des médicaments coûteux. Surtout, le président de la FSPF a rappelé sa volonté de remettre rapidement sur la table des négociations le dossier des marges arrières, qui doivent perdurer pour assurer le soutien des officinaux aux génériques... mais aussi être régulées. Actuellement, ce dossier serait un sérieux handicap pour la profession, politiquement parlant : « On nous regarde d'un sale oeil à ce sujet du côté de Bercy depuis un moment. » L'avenue de Ségur reste plus conciliante sur le sujet : pour la substitution de nouvelles molécules, « votre rôle de professionnel de santé (...) doit continuer à être encouragé », a-t-on entendu...

La politique restera finalement toujours un échange de (bons) procédés. Maintien du quorum malgré de nombreux amendements parlementaires offensifs récents, rejet d'un forfait à la boîte pour les patients, volonté d'impliquer l'officine dans la gestion du médicament en maison de retraite, le Gouvernement se mouille pour la pharmacie, a laissé entendre Xavier Bertrand. Moyennant quoi : « Mesdames et Messieurs, j'ai lu que vous vouliez être impliqués. Vous le serez. »

Que chacun contribue en fonction de ce qu'il retire est admissible, a réagi Bernard Capdeville après l'allocution ministérielle. « Par contre nous n'accepterons pas une mesure de plein fouet contre la profession.» Que l'Etat commence par « prendre des mesures pour réellement piloter l'offre de soins et pour baliser le parcours de santé du malade », suggère-t-il.

Douste-Blazy remercie les pharmaciens pour leur « bon boulot » sur le générique

- Renforcement du contrôle des arrêts de travail (les médecins qui abusent pourraient se voir retirer la possibilité de prescrire des arrêts sans accord préalable ; les patients « indélicats » pourraient, eux, se voir réclamer le remboursement des indemnités journalières...), franchise de 1 euro par consultation (à l'exception des bénéficiaires de la CMU et des enfants), passage recommandé par son médecin traitant avant toute consultation chez un spécialiste (sinon les honoraires de ce dernier seront plus élevés), conditionnements plus grands pour les traitements chroniques (150 MEuro(s) d'économies attendues), possibilité pour les pharmaciens de délivrer pour plus d'un mois dans le cadre de pathologies chroniques, dossier médical partagé mis en place d'ici à deux ans, notamment pour lutter contre les interactions médicamenteuses qui seraient responsables, selon le ministère, de 128 000 hospitalisations par an et près de 10 000 décès (7 MdEuro(s) d'économies escomptées), hausse à 6,6 % de la CSG pour les retraités imposables... voilà quelques-unes des mesures du futur plan Douste-Blazy. Objectif : économiser 16 milliards. Le ministre, qui s'est exprimé sur France 2, lors de l'émission « 100 minutes pour convaincre », compte aussi sur le générique. Il a, au passage, remercié les pharmaciens (« Ils font du bon boulot et il faut continuer à les intéresser sur leur marge ») et annoncé sa volonté de voir la protection des brevets tomber de 15 à 10 ans... (un décret dans ce sens est imminent). Selon Les Echos, le niveau de TFR pourrait être abaissé à un prix moyen inférieur de 40 %, voire 50 % à celui du princeps.

Enfin, concernant les déremboursements, Philippe Douste-Blazy a déclaré qu'il allait mettre en place une haute autorité de santé publique, constituée de scientifiques et d'économistes, dont la mission sera de mesurer l'efficacité des médicaments et de certains actes médicaux. T.P.

Prises de position : Quatre slogans ont fusé lundi à l'initiative du bureau de la FSPF

« Non à l'honoraire. »

Pour Jean-Marc Yzerman (commission « Economie »), la rémunération officinale principale peut être logiquement indexée sur trois items : soit le nombre de boîtes vendues, soit celui des ordonnances, soit le CA industriel. Pour un indice 100 en 1997, le premier était à 105 en 2003, le deuxième à 111 et le troisième à 150. « Voilà pourquoi je suis attaché à ce qu'une grande part de notre rémunération soit attachée au CA, a-t-il asséné (la MDL actuelle 2 tranches + forfait se situe elle à un indice 126-127 en 2003). Ce n'est pas le mode de rémunération qui honore les gens, c'est la façon de faire leur métier. »

« Non à MURCEF. »

Pour Philippe Liebermann (commission « Europe »), parmi les 1 200 SEL actuelles, existe un certain nombre de « nébuleuses avec des dizaines de pharmacies ». Pour lui, c'est au conseil central A de l'Ordre d'y « faire le ménage ». Et de noter que, « dans le cadre d'un ultralibéralisme à tous crins » de l'UE actuelle, MURCEF conduira tout droit à une « déstabilisation du réseau » car « on rentre là dans un système de chaînes » et il lui apparaît hautement improbable que, in fine, le capital des SEL y reste uniquement pharmaceutique. Quant à l'entrée dans le capital, MURCEF resterait « un faux espoir pour les jeunes. Peut-on nantir des parts de SEL ? La réponse est non »...

Quant aux SEL à cinq points de vente (projet proposé par l'Ordre), elles ne résoudraient pas selon lui le problème des participations croisées, ne permettraient pas d'économies d'échelle substantielles et ne conforteraient pas plus le réseau : « Qui injectera de l'argent dans une officine qui se casse la figure ? »

« Non au déconditionnement. »

Face à cette pratique qui se multiplie pour fournir des maisons de retraite, Jocelyne Wittevrongel (commission « Exercice professionnel ») se veut catégorique : « Le déconditionnement est contraire à la définition de la spécialité pharmaceutique » et « le pharmacien doit assurer dans son intégralité l'acte de dispensation, dont la mise à disposition d'information aux patients ». En cas de dommage à autrui (comme pour la cérivastatine), en l'absence de conseil et de notice, la responsabilité du pharmacien serait totale, estime-t-elle.

« Oui à la convention. »

« Enfin un oui », s'est exclamé Pierre Leportier (commission « Protection sociale », candidat possible à la succession de Bernard Capdeville) pour rappeler l'intérêt fondamental pour la profession de signer une convention élargie avec l'assurance maladie.

Ceci afin d'engager officiellement le pharmacien dans la démarche qualité à travers des outils comme le dossier pharmacothérapeutique du patient ou des accords de bon usage des médicaments... : « Quand on parle au pharmacien, il se dit qu'il la fait. Mais ce qui n'est pas écrit (dans un div réglementaire) n'existe pas ! » Autres exemples de possibilités nouvelles offertes par un tel contrat : engager la profession dans les réseaux de soins (avec rémunération à la clé), dans la gestion du médicament en maison de retraite (via une contrat de bonnes pratiques) ou finaliser la permanence pharmaceutique conventionnelle (un honoraire de 50 Euro(s) par nuit est réclamé, sauf si l'officine est ouverte...), etc F.S.

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