Sessions, pression et automédication - Le Moniteur des Pharmacies n° 2535 du 08/05/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2535 du 08/05/2004
 

EXAMENS

Carrières

Avant, pendant et après, les examens sont une période mouvementée pour les étudiants. Comment la vivent-ils, quels remèdes utilisent-ils, quelles solutions proposer ? Une thèse de doctorat fait le tour de la question.

L'étudiant en pharmacie serait-il un individu particulièrement stressé ? On pourrait bien le penser à parcourir la thèse de doctorat en pharmacie que Gilles Tranchant, aujourd'hui pharmacien d'officine, a récemment soutenu à la faculté de pharmacie d'Amiens (« Le stress des examens chez les étudiants : approche théorique, biologique, symptomatique et médicamenteuse »). Un sujet que lui ont inspiré ses propres années d'études dans cette même université et les comportements de ses coreligionnaires. « Lorsque les périodes d'examen arrivent, l'idée ou la représentation subjective que l'étudiant se fait de l'examen, de la préparation à l'examen, et du résultat aux examens le font stresser », écrit-t-il. Et en ce domaine, les futurs pharmaciens ont matière à s'en faire, entre les sessions de janvier, de juin, et souvent de septembre pendant un minimum de six années.

Pour savoir comment se manifestent les symptômes de stress et comment les potaches y réagissent, Gilles Tranchant a questionné 329 d'entre eux entre la 1re et la 5e année de pharmacie, entre le 10 et le 16 avril 2000. Résultat : plus de 2 098 symptômes, surtout des manifestations neuropsychiques, c'est-à-dire « cérébrales » plutôt que somatiques. Les plus fréquentes : angoisse, maux de tête, émotivité, irritabilité, sueurs, mains moites, insomnie...

Garder la pêche.

Rien d'étonnant donc à ce que les potaches usent de médicaments, une pratique très répandue dans toutes les facultés. Sur les 329 étudiants questionnés, 231 reconnaissent en prendre. 79,87 % le font en première année mais leur nombre croit au fur et à mesure qu'ils avancent dans leurs études. « Sans grande surprise, ce sont les antiasthéniques-psychostimulants qui arrivent en tête (73,16 % des étudiants) pour se doper, éviter de ressentir la fatigue et augmenter les performances. »

Ils sont suivis des antalgiques (70,99 %), médicaments courants que l'étudiant va prendre dès qu'il a mal à la tête. Une conséquence du surmenage, des angoisses, des insomnies... que l'on peut ressentir lors de la préparation aux examens.

Les antispasmodiques se placent en troisième position (26,83 %), consommés pour neutraliser les effets du stress sur le tube digestif, essentiellement les spasmes intestinaux, juste devant les sédatifs-calmants-relaxants (24,67 %).

L'automédication est fréquente : seuls 14,7 % des étudiants demandent un avis médical. Reste que les produits utilisés ne sont pas forcément les plus utiles ! « Paradoxalement, les étudiants souffrent essentiellement de signes neuropsychiques qui pourraient être contrôlés avec des sédatifs-calmants-relaxants », souligne la thèse. Or ceux-ci n'arrivent pas en tête du classement, tout simplement parce que les étudiants ne cherchent pas à se relaxer pour être « bien dans leur tête et leur corps » avant les examens. Ils cherchent à se dépasser et se dopent pour améliorer leurs performances.

Pas de solution miracle.

Alors, comment éviter le stress ? « Il n'y a pas de solution miracle pour bien préparer un examen », rappelle Gilles Tranchant. Les médicaments ? Utilisés à bon escient, certains peuvent, selon lui, apporter une certaine aide : antiasthéniques, psychostimulants - « sans faire de cocktails » - ou, par exemple, les produits à base de piracétam qui facilitent l'oxygénation cérébrale et la fixation de l'oxygène sur les globules rouges. « Mais en s'aérant, en faisant des pauses régulières ou en pratiquant une activité physique, même brève, pendant les révisions, l'étudiant n'en aura aucunement besoin. »

Gilles Tranchant conseille surtout la prise de magnésium, de vitamine B6, de taurine et d'arginine. L'activité de ces produits, « étonnamment peu utilisés », est indiscutable, selon Gilles Tranchant, pour anticiper d'éventuels symptômes de stress neuropsychique ou somatique. Les techniques de relaxation sont également bénéfiques ! L'important, c'est de gérer son stress, de savoir d'où viennent les tensions, « qu'elles résultent de craintes - généralement non justifiées -, d'un manque d'informations », insiste Gilles Tranchant. Il faut démythifier les examens (les sessions de rattrapage existent) ; réfléchir aux difficultés rencontrées (fatigue, mauvaise préparation, mauvaises méthodes de travail...) et les résoudre ; s'obliger à suivre un calendrier journalier de travail...

Au final, « seule une bonne assiduité aux cours, une bonne préparation physique et intellectuelle feront que l'étudiant passera l'examen sans trouble majeur ». CQFD.

Les faux amis

- La caféine stimule le système nerveux central et augmente la vigilance et la performance. 45,28 % des étudiants augmentent donc leur consommation de café au moment des examens. 12,15 % prennent du Guronsan qui contient 40 mg de caféine, soit l'équivalent de cinq expressos. Reste que la caféine est aussi un cofacteur de stress car elle engendre insomnie, anxiété, maux de tête, nervosité...

- Même retour de bâton pour la nicotine. Un étudiant sur cinq fume davantage à l'approche des épreuves. Mais, si elle augmente les capacités de mémorisation et a des propriétés anxiolytiques, la nicotine déclenche aussi des symptômes de stress. « Il serait plus bénéfique pour l'étudiant d'utiliser un antiasthénique ou un psychostimulant plutôt que d'augmenter sa consommation de cafés ou de cigarettes », assure Gilles Tranchant.

Le manque à gagner lié à la perte des produits de contraste vous inquiète-t-il ?


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