Le modèle suisse

Nos confrères suisses ont comparé à point nommé leur exercice et le nôtre. Alors que l'on reparle de plus en plus chez nous de paiement à l'acte, dans la Confédération, la marge commerciale a été remplacée par des honoraires reposant sur une taxe client - qui correspond à l'ouverture du dossier pour trois mois et par médecin (d'une valeur de 7 points*) - et une taxe forfaitaire par ligne de médicaments prescrits (de 4 à 20 points suivant les majorations : tarifs de nuit, substitution générique, prise de médicaments sous surveillance...).

Jusqu'alors, le principe de marge dégressive entraînait une augmentation des coûts et de grandes disparités entre les officines suivant leur implantation. Le nouveau système contribue à rééquilibrer le système, ou tout au moins à en freiner les dérapages. Les économies ainsi réalisées sur le médicament sont estimées à 128,7 MEuro(s).

Ce nouveau système de rémunération peut séduire tant il induit davantage de professionnalisme dans l'officine et développe la relation client. Mais il comporte encore des imperfections, en favorisant notamment les pharmacies de passage (centres commerciaux...) et de clientèle âgée.

Par ailleurs, un énorme effort pédagogique doit être fourni par les officinaux à l'attention de leurs patients qui n'admettent pas devoir aujourd'hui débourser davantage (tiers payant remboursable selon les franchises conclues dans le contrat d'assurance maladie) pour des conseils qu'ils obtenaient auparavant... Cela tient en premier lieu à une très mauvaise communication de la part des caisses. Enfin, les pharmaciens helvétiques se permettent un conseil à leurs confrères français : « Surtout, n'employez pas le mot taxe. Il est très mal toléré par les patients... »