Le groupe Guerbet en quête de visibilité

Quand Brigitte Dubreucq, directrice des ressources humaines de Guerbet, parle d'imagerie médicale, elle se transforme en ardent défenseur de la technologie : « Le champ de l'imagerie médicale est plus ouvert qu'il n'y paraît, contrairement à ce que pensent les candidats lors des entretiens de recrutement qui craignent d'être focalisés sur une technique. Nous sommes en relation avec les cardiologies, les neurologues, les oncologues..., et nous avons une équipe de recherche que tout le monde n'a pas dans notre métier. »

Avec l'Italien Bracco, les Américains Tyco Mallinckrodt et Amersham et, pour une part de son activité, Schering, les laboratoires Guerbet sont l'un des peu nombreux spécialistes des produits de contraste. Ces produits, injectés dans l'organisme, permettent de visualiser lors d'examens radiologiques des organes qui ne seraient pas visibles autrement.

Les laboratoires ont développé plusieurs axes de recherche : produits de contraste pour les rayons X (urographie et angiographie) et pour l'imagerie par résonance magnétique (diagnostic tumoral). Guerbet travaille également sur le développement de produits permettant la caractérisation tumorale et, sur un plus long terme, sur le diagnostic de maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer ou la sclérose en plaques.

La part belle aux pharmaciens.

Les produits de contraste représentent 1 % du marché pharmaceutique total. « Mais c'est un marché d'avenir, plaide Brigitte Dubreucq. Plus le diagnostic est bien fait et précocement, plus la thérapeutique sera légère une fois le diagnostic posé. » Si le taux d'équipement en IRM de la France reste encore bas, la situation devrait évoluer avec le plan équipement lancé il y a trois ans et qui prend peu à peu effet.

Pour la directrice des ressources humaines, Guerbet peut donc offrir des perspectives intéressantes aux pharmaciens. « Nous avons peu de médecins mais surtout des pharmaciens et des ingénieurs en chimie car nos produits ne sont pas du domaine de la thérapeutique mais du diagnostic. Aujourd'hui, nous traitons plus de problématiques pharmaceutiques que de pathologies. C'est en train d'évoluer et nous cherchons également à intégrer des médecins. De plus, et c'est l'un des moteurs pour entrer chez nous, la maison mère est française. Les stratégies réglementaires, cliniques et industrielles sont bâties ici. » Ici, c'est-à-dire à Villepinte, dans la région parisienne, au siège en briques rouges du groupe Guerbet à quelques kilomètres du site de recherche et de production d'Aulnay-sous-Bois et du centre de distribution de Gonesse.

C'est ce qui a séduit Alexandra Gohaud, pharmacienne aux affaires réglementaires internationales depuis quatre ans. « La France décide des stratégies d'enregistrement des produits pour l'Europe, les Etats-Unis et le reste du monde. J'ai par exemple géré la procédure de reconnaissance mutuelle de Dotarem pour l'Allemagne, qui a été lancé en début d'année. » Le service des affaires réglementaires est en contact avec les filiales. « J'ai passé huit jours au Brésil pour réorganiser les relations avec les agents et l'usine de production et discuter des procédures d'enregistrement », précise la jeune pharmacienne.

Depuis 2000-2001, le laboratoire a amorcé un tournant dans son organisation. Une nouvelle culture d'entreprise axée autour de quatre valeurs fortes (« orientation client, orientation performance, vitesse-flexibilité, travail en équipes ») a vu le jour. « Il fallait redresser l'entreprise qui subissait fortement la concurrence », explique Brigitte Dubreucq.

Travailler mieux et plus vite.

La recherche a ainsi été réorganisée avec des axes par grandes pathologies. « Notre réflexion est tournée vers le client : savoir de quoi la médecine a besoin et comment le diagnostic peut y répondre. Ce que peut apporter la radiologie et, plus particulièrement, nos produits. »

Au niveau commercial, le laboratoire développe un programme de satisfaction clients pour lequel un responsable, pharmacien de formation, a d'ailleurs été nommé.

Au développement analytique, Gaëlle Daudé travaille aussi à développer l'optimisation des procédés. « Si Guerbet compte une quinzaine de produits sur le marché, au niveau du développement, ce n'est pas pour autant que notre rôle est terminé. » Les liens avec les affaires réglementaires ont été resserrés pour une plus grande efficacité. « Chaque pharmacien aux affaires réglementaires a un interlocuteur privilégié au sein du service de développement analytique, précise la spécialiste. Une fois les études analytiques réalisées, nous constituons des dossiers que nous leur transmettons. » Le service est également chargé de la veille réglementaire sur l'évolution de la réglementation pharmaceutique.

Comme le résume Brigitte Dubreucq : « Nous avons demandé aux salariés de travailler mieux et plus vite, d'être plus performants. » Le bilan est positif : le résultat d'exploitation a crû de 20 % depuis cinq ans. Un succès que les laboratoires comptent renouveler. Les nouvelles recrues bénéficient donc, à leur arrivée, de formations collectives et d'un processus d'intégration individuelle pour bien intégrer cette culture d'entreprise. Le but : mieux faire connaître la société, donner une vision globale de la stratégie et du développement interne.