Philippe Poutou : « Les politiques gouvernementales ont réduit les marges des pharmacies en favorisant celles de l’industrie » - 11/04/2017 - Actu - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
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Philippe Poutou : « Les politiques gouvernementales ont réduit les marges des pharmacies en favorisant celles de l’industrie »

A moins de deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle, Le Moniteur des pharmacies publie une série d’entretiens réalisés par écrit avec les candidats. Voici les réponses de Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA).
Montreuil, ouvrier, anticapitaliste, NPA Romain Beurrier/REA

Quelles sont vos solutions pour maîtriser les dépenses de santé ?

L’hôpital est devenu une usine à produire du soin, les déserts médicaux s'étendent au delà des zones rurales vers les villes et les banlieues, un tiers de la population renonce à des soins et dans le même temps le marché de la santé est un gisement de profits considérable.
Pour nous, la santé ne doit pas devenir une marchandise et nous voulons mettre en place un service public de santé répondant aux vrais besoins de santé de la population. Dans ce dispositif, les pharmacies de proximité auront toute leur place aux côtés des centres de santé pluridisciplinaires répartis sur tout le territoire. « Maîtrise des dépenses de santé », la définition n'est pas la même pour tout le monde. Pour les politiques néolibérales des dernières décennies, cela signifiait réduire les dépenses « socialisées» ,  c'est-à-dire remboursées et donc toujours remettre en cause la sécurité sociale en réduisant son périmètre remboursé. En revanche, pour les grands groupes financiers, les fonds de pension, les trusts pharmaceutiques, le marché de la santé représente des centaines de milliards de dollars et là, il n'est plus question de maîtrise des dépenses, ils comptent sur le reste à charge des ménages.
La sécurité sociale n'est pas malade de ses dépenses, qui continueront à augmenter avec le vieillissement de la population et le développement des pathologies chroniques, mais de ses recettes amputées par les exonérations multiples accordées aux entreprises et le manque à gagner lié au chômage et aux bas salaires.

Comment revaloriser le rôle des pharmaciens dans le système de santé ?

Les petites pharmacies subissent les effets délétères des déserts médicaux, mais également des politiques gouvernementales qui ont réduit leurs marges tout en favorisant l’industrie pharmaceutique qui se porte fort bien. L’avenir des pharmacies n’est pas dans le modèle commercial actuel. Elles doivent être intégrées dans le service public de proximité que nous préconisons. Les pharmaciens et les préparateurs doivent non seulement délivrer des médicaments et matériels de santé, mais leur rôle doit être renforcé pour l’information, la prévention, l’éducation à la santé en lien avec tous les acteurs concernés.

Pour éviter le gaspillage des médicaments, la dispensation à l’unité est-elle la bonne solution ?

Les médicaments inutiles ne doivent plus être produits. La dispensation à l’unité est souhaitable si elle fait partie du rôle d’écoute, de conseils de la part du professionnel travaillant en coordination avec tous les autres acteurs de santé de proximité. Nous sommes en revanche contre la délivrance des médicaments par les grandes surfaces, qui ne ferait qu’aller au bout de cette logique marchande et favoriserait encore la fermeture des petites officines.

Comment réguler le prix des médicaments innovants ?

Le prix de ces médicaments comme les derniers anticancéreux sortis, ou le traitement de l’hépatite C à 41 000 euros doit baisser et nous soutenons la campagne de Médecins du Monde pour le droit aux licences d’office, ou l’exigence de la revue Prescrire pour une expertise indépendante des médicaments. L’industrie pharmaceutique ponctionne la sécu et prive de nombreux patients d’accès aux soins. Le médicament est un bien commun, il doit nous appartenir à travers un service public du médicament contrôlé par la population. Pour cela, nous proposons d’exproprier l’industrie pharmaceutique.

Comment éviter les ruptures de stocks des médicaments et vaccins ?

Les patients sont les premières victimes des ruptures d’approvisionnement de médicaments dans les pharmacies des villes et des hôpitaux. Ce manque dure parfois pendant de longues périodes et peut concerner des produits indispensables et sans équivalents. C’est une grave atteinte à la santé publique. Il s’agit le plus souvent d’une stratégie commerciale. Pour l’industrie pharmaceutique ses profits valent plus que notre santé, les cinq plus gros laboratoires ont réalisé des revenus supérieurs à 200 milliards d’euros et bénéficié de plus de 47 milliards de bénéfices en 2015, cinq fois plus que le « déficit » de la Sécu cette même année. Pour le NPA, je vous l’ai dit,  le médicament est un bien commun qui doit appartenir à la collectivité. Voilà pourquoi nous proposons de créer un service public du médicament.

Que proposez-vous pour lutter contre les déserts médicaux ?

La lutte contre les déserts médicaux passe par un plan d’ensemble :
- Suppression du numérus clausus pour les études médicales ;
- Restauration et développement des hôpitaux et maternités de proximité ;
- Maillage du pays par un réseau de centres de santé pluridisciplinaires financé par la sécu, proposant le tiers payant sans avance de frais pour les patients et lieux du soin primaire, de la prévention, des gardes de nuits et participant avec les professionnels de santé locaux, les élus, les associations de malades et d’usagers à l’élaboration de la prévention.

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